Brenda Trim

Exhumation Du Roi Fae


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vers le canapé en secouant la tête. « Ça va aller, maman. Le thé au gingembre sera parfait. »

      Elle ne pouvait pas quitter la maison maintenant qu’elle avait commencé sa transition, sinon, elle serait traînée de force à l’Académie. Ses parents avaient tous deux fréquenté l’Institut lorsqu’ils avaient acquis leur pouvoir. Mais, lorsque les humains avaient pris le relais, l’Académie avait bien changé.

      Sa mère et son père disaient que les Fae n’étaient pas les mêmes à leur sortie de leurs études. Ils ne pouvaient pas lui expliquer, mais ils refusaient qu’elle serve les humains et qu’elle réprime ses semblables Fae.

      Assise sur le canapé, Maurelle se remit à gronder seule dans son coin. L’instant suivant, sa mère lui apporta le thé. « Merci, maman », exprima-t-elle en savourant le liquide chaud. Grâce à la tasse de thé, elle pouvait maintenant ignorer son mal-être facilement.

      L’année dernière, des visions du passé la bombardaient dès qu’elle touchait le moindre objet. Jusqu’à présent, seule sa capacité de psychométrie s’était manifestée. Elle accueillait ses limites avec gratitudes. Elle n’arrivait pas à s’imaginer devoir gérer plusieurs facultés en même temps.

      En parlant de situation gênante, pensa-t-elle… En allant vers le réfrigérateur pour prendre un verre, elle avait vu son père embrasser sa mère. Ses ailes s’étaient inondées de couleurs et l’électricité avait envahi son système. Aucun enfant ne veut voir son père esquisser des gestes intimes à l’attention de sa mère.

      Un coup à la porte interrompit les rêveries de Maurelle. Elle pensait qu’Alek se trouvait là, pour venir chercher Nyx, alors elle continua de savourer son thé. Sa tête pivota au son de voix de mâles énervés.

      « Votre fille viendra avec nous ! » informa un mâle à sa mère.

      Le pire cauchemar de Maurelle se déroulait sous ses yeux. Pour la première fois de sa vie, elle aurait souhaité avoir accès à la technologie et posséder des appareils de communication pour appeler son père. En regardant le Fae aux cheveux auburn venu pour la récupérer, une seule pensée traversa l’esprit de Maurelle : courir.

      Elle n’avait aucune idée d’où elle irait réellement si elle réussissait à s’enfuir. Tous les Fae avaient entendu des rumeurs sur le souterrain, mais elle ne savait pas où il se trouvait ou qui l’y emmènerait. En dehors de Bramble’s Edge et des établissements humains, le néant s’étendait à l’infini.

      « Vous ne pouvez pas l’emmener. Elle est malade, elle ne peut pas aller à l’Académie maintenant », essaya de raisonner sa mère avec l’officier.

      Nyx et Erlina se précipitèrent dans le couloir et s’arrêtèrent net en voyant les officiers. Leurs yeux vert pâle identiques croisèrent le regard de Maurelle qui trahissait la terreur qui l’habitait.

      « Demi-tour, leur lâcha-t-elle en leur adressant un geste de la main.

      — La maladie ne la dispense pas d’aller à l’Académie. Elle doit venir avec nous sur le champ ! » exigea le même officier.

      Maurelle jeta sa tasse de thé en direction du mâle et partit dans le couloir. À son passage, Nyx et Erlina s’écartèrent de son chemin. Maurelle continua vers la chambre de ses parents, et saisit une paire de chaussures de sa mère.

      Un cri lui fit tourner la tête juste à temps, ses sœurs se tenaient au milieu du couloir. Nyx perfectionna son regard de snobinarde attitré, croisa les bras sur sa poitrine et lança un regard noir. « Laisse ma sœur tranquille ! »

      Maurelle avait ébauché un sourire en voyant Nyx placer ses mains pour relever ses seins vers l’avant. Cette technique de distraction échouait rarement, surtout avec les mâles Fae. Les Fae étaient une espèce lascive.

      Ses parents de Maurelle n’avaient jamais évoqué le sujet avec elle, mais ils n’en avaient pas besoin. Son désir rageur lui suffisait pour comprendre l’importance du sexe dans sa vie. Nyx entamait cette étape, ce qui expliquait son impatience de déjeuner avec Alex.

      Les exutoires sexuels adoucissaient les Fae et les aidaient à rester équilibrés. Maurelle suspectait que son manque de partenaires était responsable de sa maladie. Aucun exutoire ne parviendrait à rivaliser avec ces pouvoirs. Ils aidaient à se défouler.

      Elle resta bouche bée en voyant l’indifférence de l’officier Fae devant les attraits de Nyx. Sans lui prêter la moindre attention, le mâle écarta sa sœur hors de son chemin. Maurelle se détourna de la fenêtre et jeta une chaussure à sa tête. Erlina commença à pleurer et s’appuya contre le mur en face de Nyx.

      Avec tout ce mouvement, la tête de Maurelle palpitait, son estomac vacillait, la bile lui remontait dans la gorge. Elle se précipita vers le mâle. Elle entendait sa mère se disputer avec l’autre mâle dans le salon, mais elle devait se concentrer sur celui qui la poursuivait dans la chambre de ses parents.

      Son visage affichait un regard furieux. Elle l’esquiva et courut de l’autre côté du grand lit pour le maintenir à distance. « Tu ne nous échapperas pas. Laisse tomber maintenant et tout se passera mieux pour toi. »

      Elle secoua la tête et chercha un moyen de sortir de ce chaos. Si elle parvenait à atteindre la fenêtre, elle pourrait s’envoler. Elle doutait de ses capacités à tenir la distance avec le martèlement dans sa tête et son estomac détraqué, mais elle n’abandonnerait pas maintenant.

      Le mâle s’accrocha à ses jambes, elle sauta et lâcha un cri sous la douleur intense. D’instinct, elle donna un coup de pied au Fae. Le spectacle devait paraître comique ! Ses bras se débattaient en l’air. Ses cheveux emmêlés virevoltaient autour de son visage.

      Le pied de Maurelle percuta la tête du mâle. Elle se replia, continua son agression bâclée, et attrapa ses cheveux. Le bras du Fae s’écrasa contre sa poitrine et l’envoya voler à l’autre bout de la pièce.

      Elle emboutit la commode avec une force qui dépassait tout ce qu’elle aurait cru possible. Sa main envoya les bibelots en verre de sa mère au sol dans un cliquetis bruyant. Au bruit et à la façon dont les petits objets se brisèrent sous l’impact avec le parquet, elle esquissa une grimace.

      « Maurelle », cria Nyx.

      Maurelle leva la tête pour voir le Fae sauter par-dessus le lit et atterrir à côté d’elle. Il passa la main dans son dos et sortit une boucle argentée. L’électricité jaillit de l’objet, sa bouche s’assécha aussitôt.

      Son combat reprit quand elle commença à se tortiller et à jouer des coudes. Elle caressait l’espoir de lui casser le nez. Le bras du mâle autour de sa taille appuyait fort sur son ventre, elle craignait de vomir.

      De sa main libre, il porta l’objet argenté à sa bouche et murmura un mot qui le fit vibrer. Sans qu’elle ait le temps de réaliser ce qui se passait, il l’avait frappée sur le côté. Le métal changea de forme et s’enroula à mi-torse.

      Avec son sortilège, il avait espéré le verrouiller sur une autre partie de son corps. Ses ailes restaient libres, tout comme ses mains. Elle saisit le métal avec l’intention de retirer le dispositif d’attache.

      À l’instant même où sa main agrippa l’objet, la chambre de ses parents et le Fae au-dessus d’elle disparurent. Comme chaque fois qu’elle utilisait ses pouvoirs, elle ne pouvait se concentrer sur rien. Cela dura pendant quelques secondes.

      Sa vision s’éclaircissait ne laissant pour seul souvenir que l’impression générale gravée dans sa mémoire. Peu importe ce que l’autre côté toujours inconnu lui réservait, il avait éveillé une bonne dose de peur et de détermination.

      Maurelle supposait qu’elle aurait dû prévoir la situation, tout bien considéré l’arme était maniée par un collecteur. Les collecteurs étaient peut-être Fae, mais elle réalisait très clairement qu’ils ne ressentaient pas la moindre empathie et masquaient toute identité individuelle.