Петр Павлович Ершов

Le petit Cheval bossu


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on arrive, tout d’ même,

      A résoudre le problème:

      On va vendre tes chevaux

      Pour mille roubles, si ça vaut.

      Pour te dire merci, on pense

      Te faire une bonne récompense –

      T’ach’ter des bottes, un chapeau

      Rouge avec un beau grelot.

      De plus, pense à notre père,

      Il est vieux, ne peut rien faire;

      Mais il faut passer la vie, –

      Toi, tu n’es pas sans esprit! ” –

      “Si c’est de sorte qu’on prétende,–

      Dit Ivan aux frères, – qu’on vende

      Mes chevaux à crinière d’or,

      Prenez-moi aussi alors”.

      Ils sont contre, car ils mentent, –

      Mais rien à faire, – ils consentent.

      Enfin, le ciel s’obscurcit;

      L’air devient plus rafraîchi;

      Pour ne pas se perdre en route,

      On veut bien casser la croûte.

      Aux branches d’en-bas, comme il faut,

      On lie bien tous les chevaux,

      On apporte des comestibles,

      On boit un coup, c’est possible

      Ch’min faisant; après, bon Dieu,

      On bavarde à qui mieux mieux.

      Tout à coup, l’aîné des frères

      Remarque au loin une lumière.

      A son frère, il cligne de l’oeil,

      Pour que le deuxième frère veuille

      Le sout’nir, après, il tousse,

      Montre le feu, d’une voix douce,

      Dit, grattant son occiput:

      “Il fait nuit, si j’avais su

      Que la belle lune, comme pour rire,

      Vient pour une minute, – sans dire,

      Tout aurait été mieux. Tiens!

      Je ne vois, ni n’entends rien…

      Mais, attends, donc, il me semble

      Qu’une petite fumée y tremble…

      Regarde, là!.. Oui, c’est comme ça!..

      Si, pour le brasier, on a

      Du feu – une merveille! Ecoute,

      Frère Ivan, mets-toi en route!

      A vrai dire, pourtant, je n’ai

      Rien du tout pour l’allumer.”

      Et Daniel, lui-même, pense:

      “Que tu n’aies pas de la chance

      De rev’nir!” Gabriel dit:

      “Qui sait ce qui brûle ici!

      Si les brigands l’importunent, –

      Adieu, mon frère, sans rancune!”

      C’est un rien pour notre Idiot.

      Il s’assied vite sur le dos

      De son p’tit Ch’val, frappe ses côtes,

      Le tiraille, de ses forces sottes,

      Braille… Le Ch’val se cabre, et puis,

      Disparaît vite dans la nuit.

      “Que la force de Dieu nous cache!” –

      Crie son frère parce qu’il est lâche,

      Après, il se signe et dit:

      “ Quel démon est, donc, sous lui?”

      Le feu est plus clair par suite

      De ce que le Ch’val court vite.

      Le voilà devant le feu.

      Le champ est tout lumineux:

      La lumière perce la brume,

      Mais elle ne chauffe, ni ne fume.

      Etonné par la merveille,

      Ivan dit: “Quoi de pareil?!

      Cinq chapeaux de la lumière,

      Mais elle ne chauffe, ne fume guère;

      Quel beau feu original!”

      Il entend dire son p’tit Ch’val:

      “L’oiseau-de-Feu, je l’assume,

      A perdu ici sa plume.

      Mais, je prie, pour ton bonheur,

      Ne la prends pas, mon seigneur.

      Puisque cette plume amène

      Bien beaucoup de grandes peines.” –

      “Parle donc, ce n’est pas ça!” –

      Pense Ivan, n’ècoutant pas,

      Prend la plume, sans être lâche,

      Et, dans des loques, il la cache,

      Ensuite, il prend ces lambeaux

      Et les met dans son chapeau.

      Puis, Ivan vient chez ses frères

      Et leur dit de cette affaire:

      “Quand, là-bas, j’ai galopé,

      Je n’ai vu qu’une souche brûlée;

      Je me suis cassé la tête

      Pour qu’elle n’ait pas la défaite;

      Une heure, j’ai soufflé le feu –

      Mais il s’est éteint, parbleu!”

      Toute la nuit, ils rient, les frères,

      Aux éclats, sans dormir guère;

      Lui se couche sous le chariot,

      Dort et ronfle, notre Idiot.

            S’att’lant à l’heure matinale,

      Ils vont à la capitale,

      Au marché central qui est

      Vis-à-vis des Grands Palais.

      Il y avait un rite en ville:

      C’est qu’à des sujets dociles,

      Seul, le maire peut ordonner

      Au marché de commercer.

      A la messe, les cloches sonnent;

      Et le maire de ville se donne

      Au marché, rich’ment paré;

      La garde le suit, bien armée.

      Un héraut barbu y passe,

      A côté, il a sa place;

      Il sonne à sa trompette d’or

      Et crie aux marchands très fort:

      “Ouvrez vite les boutiques,

      Commercez à tous pratiques!

      Et que tous les surveillants

      Soient assis près, en veillant

      Pour qu’il n’y ait pas de tapage,

      De cohue, de rixe en rage,

      Pour qu’aucun salaud vilain

      Ne trompe de bonnes gens de rien!”

      Donc, on ouvre les boutiques,

      On appelle tous les pratiques:

      “Chers messieurs,