Блейк Пирс

La Queue Entre les Jambes


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ce qui me reste dans la vie, c’est… toi.

      L’espace d’un instant, Riley faillit le prendre dans ses bras. Bill était son ancien partenaire. Il lui avait souvent porté secours, physiquement et émotionnellement. Mais elle devait faire attention. Dans un moment comme celui-là, certains font des bêtises qu’ils regrettent. Riley elle-même avait téléphoné à Bill, une nuit, après avoir bu plus que de raison, pour lui proposer une aventure extraconjugale. La situation venait de s’inverser. Au moment où elle se libérait de toutes ces émotions, c’était lui qui devenait plus fragile et vulnérable.

      — Nous avons bien travaillé, tous les deux, dit-elle.

      Pas terrible, mais elle ne trouva rien de plus intelligent à dire.

      Bill prit une longue inspiration.

      — C’est ce que je suis venu te demander, avoua-t-il. Meredith m’a dit qu’il t’avait appelée. A propos de Phoenix. Je vais y aller. J’ai besoin d’un partenaire.

      Une pointe d’irritation traversa Riley. La visite de Bill prenait des allures de traquenard.

      — Je lui ai dit que j’allais y réfléchir, dit-elle.

      — Maintenant, c’est moi qui te le demande.

      Un bref silence s’installa.

      — Et Lucy Vargas ? proposa Riley.

      C’était une jeune agente, mais elle avait travaillé avec Bill et Riley sur leur dernière affaire. Ils avaient été impressionnés par son sérieux.

      — Sa cheville n’est pas encore guérie, dit Bill. Elle ne retournera pas sur le terrain avant un mois.

      Riley se sentit stupide. Quand tous trois avaient pris au piège Eugene Fisk, le « tueur aux chaînes », Lucy avait fait une très mauvaise chute. Elle s’était brisé la cheville et elle avait failli y passer. Bien sûr qu’elle ne retournerait pas sur le terrain avant longtemps…

      — Je ne sais pas, Bill, dit Riley. Ce congé me fait beaucoup de bien. J’aimerais bien rester dans l’enseignement, pour le moment. Je vais te dire ce que j’ai dit à Meredith, rien de plus.

      — Que tu vas y réfléchir.

      — Oui.

      Bill poussa un grognement mécontent.

      — On pourrait au moins en discuter ? demanda-t-il. Peut-être demain ?

      Riley ne répondit pas tout de suite.

      — Pas demain, dit-elle. Demain, je vais assister à la mort de quelqu’un.

      Chapitre cinq

      A travers la vitre teintée, Riley observa la pièce où Derrick Caldwell allait bientôt mourir. Elle était assise à côté de Gail Bassett, la mère de Kelly Sue Bassett, la dernière victime de Caldwell. Il avait tué cinq femmes avant que Riley ne le mette hors d’état de nuire.

      Riley avait hésité quand Gail l’avait invitée à assister à l’exécution. Elle n’en avait vu qu’une jusqu’ici, en tant que témoin volontaire, entourée de journalistes, d’avocats, de représentants de la loi, de prêtres et du président du jury. Aujourd’hui, elle était avec Gail et neuf membres des familles des victimes. Tous se pressaient dans un espace confiné, sur des chaises en plastique.

      Gail était un petit bout de femme de soixante ans au visage délicat. Elle avait gardé le contact avec Riley pendant toutes ces années. Son mari était mort entre-temps, et elle n’avait plus personne pour l’accompagner pendant ce moment difficile. Riley avait accepté de venir avec elle.

      La pièce où se déroulerait l’exécution se trouvait juste de l’autre côté de la vitre. Seule la table en forme de croix se dressait au milieu de l’espace vide. Un rideau de plastique bleu dissimulait le fond de la pièce. Riley savait que les composants chimiques de l’injection létale se trouvaient de l’autre côté.

      Un téléphone rouge contre le mur reliait en permanence les personnes présentes au gouvernement. Il pourrait sonner jusqu’à la dernière minute pour gracier le condamné. Personne ne s’attendait à ce que cela arrive aujourd’hui. Une horloge pendue au-dessus de la porte constituait la seule décoration.

      En Virginie, les condamnés à mort avaient le droit de choisir entre la chaise électrique et l’injection létale. La deuxième option était la plus populaire. Quand le prisonnier refusait de choisir, c’était même le choix par défaut.

      Riley était presque surprise que Caldwell ne préfère pas la chaise électrique. C’était un monstre qui n’avait montré aucun signe de remords et il semblait accueillir la mort avec un étrange aplomb.

      Il était huit heures cinquante-cinq quand la porte s’ouvrit. Un murmure indéchiffrable suivit l’équipe et Caldwell dans la pièce. Deux hommes en uniforme tenaient le condamné par les bras. Un autre les escortait. Un homme bien habillé entra le dernier. C’était le directeur de la prison.

      Caldwell portait un pantalon bleu, une chemise bleue et des sandales sans chaussettes. Il était menotté. Riley ne l’avait pas revu depuis des années. Elle l’avait connu avec les cheveux longs et une barbe emmêlé – un look bohème qui convenait à son profil d’artiste de rue. Aujourd’hui, il était rasé de près. Il avait l’air banal et ordinaire.

      Il ne se débattait pas, mais il paraissait effrayé.

      Tant mieux, pensa Riley.

      Il se tourna vers la table d’exécution, puis détourna vivement les yeux. Il s’appliqua à ne pas regarder non plus en direction du rideau de plastique bleu. L’espace d’un instant, il fixa des yeux le miroir sans tain. Il parut alors plus calme.

      — J’aimerais bien qu’il puisse nous voir, murmura Gail.

      Ce n’était pas le cas de Riley. Caldwell l’avait déjà bien trop regardée à son goût. Pour le capturer, elle s’était mise dans la peau d’une touriste en goguette désireuse de se faire tirer le portrait. Tout en dessinant, il l’avait submergée de compliments mielleux, en lui disant qu’il était la plus belle femme qu’il ait eue pour modèle depuis longtemps.

      Elle avait compris qu’il comptait faire d’elle sa prochaine victime. Cette nuit-là, elle avait servi d’appât. Elle l’avait laissé la suivre sur la plage. Quand il avait essayé de l’attaquer, des agents l’avaient interpellé.

      Sa capture s’était déroulée de façon banale. En revanche, découvrir les corps démembrés de ses victimes dans un congélo… Un des pires moments de la carrière de Riley. Elle avait eu mal pour les familles des victimes, contraintes d’identifier les corps de leurs épouses, filles ou sœurs…

      « Trop belles pour vivre », avait-il dit.

      Le fait qu’il l’ait identifiée comme une de ces femmes-là glaçait Riley d’horreur. Elle ne s’était jamais crue belle, et les hommes – même son ex-mari, Ryan – la complimentaient rarement. Caldwell était la sinistre exception.

      Qu’est-ce que cela signifiait, se demandait-elle, qu’un psychopathe monstrueux la trouve si parfaite ? Avait-il vu quelque chose chez elle d’aussi monstrueux que lui ? Pendant un ou deux ans, dans ses cauchemars, elle l’avait entendu répéter ces sinistres compliments, tout en ouvrant son congélateur rempli de membres humains.

      L’équipe installa Caldwell sur la table d’exécution, retira ses menottes et ses sandales, avant de l’attacher : deux ceintures de cuir autour de sa poitrine, deux autour de ses jambes, une par cheville et par poignet. Ses pieds nus étaient tournés vers la vitre et il était difficile d’apercevoir son visage.

      Soudain, un rideau se referma sur le miroir sans tain. L’insertion des aiguilles se déroulerait à huis clos, au cas où quelque chose se passait mal – par exemple, si l’équipe ne trouvait pas de veine. Cependant,