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Kommunikationsdynamiken zwischen Mündlichkeit und Schriftlichkeit


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Certaines de ces ambiguïtés sont réelles et incitent à opérer avec des catégories « floues » ; dans d'autres cas, il s'agit d'un artéfact induit par la représentation écrite des données dynamiques. Une désambiguïsation par la prosodie était théoriquement possible pour ce corpus, dont le signal est disponible. Les outils d'annotation utilisés n'en permettaient cependant pas un traitement outillé, et l'annotation manuelle n'était pas envisageable au vu de la quantité de données. Pour cette étude exploratoire, ces (nombreux) cas ont fait l'objet d'une double annotation.

      3 Approche qualitative : catégories d'annotation

      3.1 Enclise

      Un aspect de la grammaticalisation est la perte d'autonomie formelle, marquée, dans le cas de , par la clise, i.e. son rattachement phonologique (prosodique) au constituant qui le précède (amont). Une étude prosodique devra établir la clitisation effective, car, bien souvent, la position finale permet une double lecture si l'on se base sur la seule transcription. Pour l'heure, nous excluons de l'étude les occurrences où est syntaxiquement associé au contexte aval :

      1 par exemple comme chez vous il y en a trois je pense les travaillistes les libéraux et puis euh les conservateurs mais j'estime que là ça va mais chez nous alors vous avez les communistes vous avez les démocrates vous avez les centristes (1502: ESLO1_ENT_149_C, YR399, 1:02:42)

      Dans la même perspective, les marqueurs de structuration, très fréquents et apparaissant souvent dans des collocations (alors là, donc là) ou configurations syntaxiques récurrentes (c'est là), ont été écartés des considérations.

      Les contextes syntaxiques, sémantiques et lexicaux sont très hétérogènes et témoignent de la productivité de différents parcours de grammaticalisation engagés. Parmi ces occurrences, il s'agira de focaliser sur les emplois clitiques, dans l'objectif d'établir les contours de l'érosion formelle. À ce titre, les locatifs PP/AP doublés de posent problème, en ce qui concerne non seulement leur interprétation sémantico-référentielle, comme précédemment évoqué, mais également leur interprétation structurelle (cf. ci-dessous 3.2).

      3.2 Emplois locatifs vs. non-locatifs

      Le processus de grammaticalisation suppose, typiquement, le développement de contextes d'emplois abstraits, ou de moins en moins concrets. Afin de cerner plus précisément les contours de la grammaticalisation, l'étude des emplois non locatifs sera privilégiée. Nous entendons par emplois locatifs ceux qui réfèrent à un lieu dans l'espace concret.

      Pour établir le caractère locatif d'une occurrence, les tests de questionnement (où ? la banane qui est où ?) et de substitution (ici / là-bas: la banane qui est juste ici) ont été utilisés :

      1 non bah tu veux prendre ma banane qui est juste là ? (5062: ESLO2_REP_22_C, LOCH2, 0:19:52)

      La dynamique de grammaticalisation est établie, dans le paradigme adverbial, notamment par l'emploi de avec une référence temporelle. Dans de nombreux cas, réfère à un objet ou état de choses du discours même, où la notion de lieu (topos) prend une dimension plus abstraite :

      1 une certaine idée de la littérature conforme des provocations des transgressions on peut aussi estimer au contraire qu'il s'agit là d'un signe de temps potentiellement fécond susceptible de produire une nouvelle synthèse entre la théorie et la pratique entre la sensibilité et l'abstraction (2017: ESLO2_CONF_4CPMEb_C, Marcos Eymar, 0:19:32)

      2 essaye au moins bah non mais il faut toujours essayer eh ben non pas quand c'est chaud c'est dangereux ce que tu dis là c'est dangereux je vais aller à l'hôpital ma main c'est très bon c'est très salé vraiment je pense pas que je (4939: ESLO2_REP_11_C, repas_03_01_loc03, 0:04:58)

      Si les deux exemples qui précèdent (4. et 5.) illustrent des emplois distinctement non locatifs, d'autres occurrences, d’apparence locative, se situent sur un continuum représentationnel ontologique/discursif :

      1 c'est rapproché au début y avait pas de terrains de construction hm hm hm c'est vrai mais nos terrains étaient en bordure justement là et quand on s'est marié et on a été exproprié trois fois (3450: ESLO2_ENT_1024_C, GC24, 0:04:38)

      2 (l')aînée qui a fait des études commerciales elle elle pou- elle pourrait les faire maintenant à Orléans oui maintenant y a une chambre de commerce là euh (3022: ESLO2_ENT_1015_C, ch_AC7, 0:06:51)

      Lorsque succède à un syntagme prépositionnel locatif, le caractère locatif de n'est souvent pas avéré :

      1 vu il y a encore des des maisons là qu'ils sont en train de j'ai pas vu construire et de sur l'avenue là y a encore deux maisons (3085: ESLO2_ENT_1015_C, EW15, 0:40:42)

      Dans cet exemple, peut être interprété, a priori, comme redondance syntaxique (GPrep suivi de GAdv), ou comme marqueur du GN/GPrep. Car même si le lieu réfère à l'espace concret, la référence de est endophorique. En particulier, ce sont les combinaisons du clitique avec un locatif adverbial (ici, ) qui font douter du caractère locatif du clitique :

      1 euh tiens moi quand j'ai eu mon appendicite et puis j'ai été ouvert ici là euh on mettait de la Bétadine mais c'est pour euh recouvrir ça désinfecte hein (V-la_345: ESLO2_REP_14_C, repas_04_01_loc01, 0:16:10)

      Si l'on imagine que la mention ici s'accompagne peut-être d'une désignation gestuelle (interprétation locative), le clitique lui-même semble davantage se rapporter au contexte de parole qu'au lieu désigné.

      Dans d'autres cas, la référence d’apparence locative, circonstancielle, est celle du discours même. Pour ces complois, endophoriques, l'interprétation comme locatif ou non locatif est souvent discutable. Nous noterons qu'une catégorisation binaire, certaine, comme étant ±[locatif] s'avère discutable dans de nombreux cas.

      3.3 Types de GN

      Dans 449 des 1711 occurrences cibles succède à un GN. Ces exemples se répartissent sur différentes constructions de déterminants, respectivement, DEM (et PRO), IND, et DEF :

      1 par exemple en revenant de Bidarray je ne sais pas si vous connaissez cette chanson-là (2027: ESLO2_CONF_5FLb_C, François Legouy, 0:07:23)

      2 enfin si il en a eu une mais on la compte pas celle-là (5025: ESLO2_REP_21_C, repas_14_01_loc01, 0:13:38)

      3 Claire m'a envoyé euh l'offre de poste euh pour ton amie là le elle peut postuler hein (4822: ESLO2_REP_01_02_C, INC1, 0:10:37)

      4 ah oui pour euh pour euh avoir aussi de la langue euh voilà c'est un peu un échange c'est un peu un échange là (3636: ESLO2_ENT_1025_C, LF25FEM, 0:40:13)

      5 c'est quand il a supprimé la retraite là il a supprimé la retraite du combattant (1639: ESLO1_ENT_160_B, 4003, 0:49:18)

      Les constructions sans adjectif ou pronom démonstratif, en particulier celle avec le déterminant défini (14) représentent, dans la perspective de la grammaticalisation (cf. Schøsler 2001), l'étape la plus avancée du processus, étant donné que semble prendre en charge la valeur de définitude/spécificité plus que de pointer un lieu à proprement parler et constituer ainsi un véritable déterminant nominal.

      Bien que peu nombreuses, les occurrences impliquant un déterminant anténominal indéfini montrent une convergence intéressante, à savoir, qu'elles présentent toutes des traces marquées du travail de formulation, comme les disfluences, reformulations et répétitions dans l'élaboration du GN :

      1 la cérémonie du Panthéon euh culte auto-orchestré enfin par Jack Lang euh euh qui euh résonne effectivement comme un une euh je dirais une résurgence là (2005: ESLO2_CONF_2JGb_C, Jean Guarrigues, 0:43:20)

      Le