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Der undankbare Kontinent?


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lors que vous reconnaîtrez dans la sagesse universelle une part de la sagesse que vous tenez de vos pères et que vous ­aurez la volonté de la faire fructifier, alors commencera ce que j’appelle de mes vœux, la Renaissance africaine.

      Dès lors que vous proclamerez que l’homme africain n’est pas voué à un destin qui serait fatalement tragique et que, partout en Afrique, il ne saurait y avoir d’autre but que le bonheur, alors commencera la Renaissance africaine.

      Dès lors que vous, jeunes d’Afrique, vous déclarerez qu’il ne saurait y avoir d’autres finalités pour une politique africaine que l’unité de l’Afrique et l’unité du genre humain, alors commencera la Renaissance africaine.

      Dès lors que vous regarderez bien en face la réalité de l’Afrique et que vous la prendrez à bras le corps, alors commencera la Renaissance africaine. Car le problème de l’Afrique, c’est qu’elle est devenue un mythe que chacun reconstruit pour les besoins de sa cause.

      Et ce mythe empêche de regarder en face la réalité de l’Afrique.

      La réalité de l’Afrique, c’est une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible. La réalité de l’Afrique, c’est encore trop de famine, trop de misère.

      La réalité de l’Afrique, c’est la rareté qui suscite la violence.

      La réalité de l’Afrique, c’est le développement qui ne va pas assez vite, c’est l’agriculture qui ne produit pas assez, c’est le manque de routes, c’est le manque d’écoles, c’est le manque d’hôpitaux.

      La réalité de l’Afrique, c’est un grand gaspillage d’énergie, de courage, de talents, d’intelligence.

      La réalité de l’Afrique, c’est celle d’un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu’il n’arrive pas à se libérer de ses mythes.

      La Renaissance dont l’Afrique a besoin, vous seuls, Jeunes d’Afrique, vous pouvez l’accomplir parce que vous seuls en ­aurez la force.

      Cette Renaissance, je suis venu vous la proposer. Je suis venu vous la proposer pour que nous l’accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l’Afrique dépend pour une ­large part la Renaissance de l’Europe et la Renaissance du monde.

      Je sais l’envie de partir qu’éprouvent un si grand nombre d’entre vous confrontés aux difficultés de l’Afrique.

      Je sais la tentation de l’exil qui pousse tant de jeunes Africains à aller chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas ici pour faire vivre leur famille.

      Je sais ce qu’il faut de volonté, ce qu’il faut de courage pour tenter cette aventure, pour quitter sa patrie, la terre où l’on est né, où l’on a grandi, pour laisser derrière soi les lieux familiers où l’on a été heureux, l’amour d’une mère, d’un père ou d’un frère et cette solidarité, cette chaleur, cet esprit communautaire qui sont si forts en Afrique.

      Je sais ce qu’il faut de force d’âme pour affronter le dépaysement, l’éloignement, la solitude.

      Je sais ce que la plupart d’entre eux doivent affronter comme épreuves, comme difficultés, comme risques.

      Je sais qu’ils iront parfois jusqu’à risquer leur vie pour aller jusqu’au bout de ce qu’ils croient être leur rêve.

      Mais je sais que rien ne les retiendra.

      Car rien ne retient jamais la jeunesse quand elle se croit portée par ses rêves.

      Je ne crois pas que la jeunesse africaine ne soit poussée à partir que pour fuir la misère.

      Je crois que la jeunesse africaine s’en va parce que, comme ­toutes les jeunesses, elle veut conquérir le monde.

      Comme toutes les jeunesses, elle a le goût de l’aventure et du grand large.

      Elle veut aller voir comment on vit, comment on pense, comment on travaille, comment on étudie ailleurs.

      L’Afrique n’accomplira pas sa Renaissance en coupant les ailes de sa jeunesse. Mais l’Afrique a besoin de sa jeunesse.

      La Renaissance de l’Afrique commencera en apprenant à la jeu­nesse africaine à vivre avec le monde, non à le refuser.

      La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que le monde lui appartient comme à toutes les jeunesses de la terre.

      La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que tout deviendra possible comme tout semblait possible aux hommes de la Renaissance.

      Alors, je sais bien que la jeunesse africaine, ne doit pas être la seule jeunesse du monde assignée à résidence.

      Elle ne peut pas être la seule jeunesse du monde qui n’a le choix qu’entre la clandestinité et le repliement sur soi.

      Elle doit pouvoir acquérir, hors, d’Afrique la compétence et le savoir qu’elle ne trouverait pas chez elle.

      Mais elle doit aussi à la terre africaine de mettre à son service les talents qu’elle aura développés. Il faut revenir bâtir l’Afrique; il faut lui apporter le savoir, la compétence le dynamisme de ses cadres. Il faut mettre un terme au pillage des élites africaines dont l’Afrique a besoin pour se développer.

      Ce que veut la jeunesse africaine c’est de ne pas être à la merci des passeurs sans scrupules qui jouent avec votre vie.

      Ce que veut la jeunesse d’Afrique, c’est que sa dignité soit préservée.

      C’est pouvoir faire des études, c’est pouvoir travailler, c’est pouvoir vivre décemment. C’est au fond, ce que veut toute l’Afrique. L’Afrique ne veut pas de la charité. L’Afrique ne veut pas d’aide. L’Afrique ne veut pas de passe-droit.

      Ce que veut l’Afrique et ce qu’il faut lui donner, c’est la solidarité, la compréhension et le respect.

      Ce que veut l’Afrique, ce n’est pas que l’on prenne son avenir en main, ce n’est pas que l’on pense à sa place, ce n’est pas que l’on décide à sa place.

      Ce que veut l’Afrique est ce que veut la France, c’est la coopération, c’est l’association, c’est le partenariat entre des nations égales en droits et en devoirs.

      Jeunesse africaine, vous voulez la démocratie, vous voulez la ­liberté, vous voulez la justice, vous voulez le Droit? C’est à vous d’en décider. La France ne décidera pas à votre place. Mais si vous choisissez la démocratie, la liberté, la justice et le Droit, alors la France s’associera à vous pour les construire.

      Jeunes d’Afrique, la mondialisation telle qu’elle se fait ne vous plaît pas. L’Afrique a payé trop cher le mirage du collectivisme et du progressisme pour céder à celui du laisser-faire.

      Jeunes d’Afrique vous croyez que le libre échange est bénéfique mais que ce n’est pas une religion. Vous croyez que la concurrence est un moyen mais que ce n’est pas une fin en soi. Vous ne croyez pas au laisser-faire. Vous savez qu’à être trop naïve, l’Afrique serait condamnée à devenir la proie des prédateurs du monde entier. Et cela vous ne le voulez pas. Vous voulez une autre mondialisation, avec plus d’humanité, avec plus de justice, avec plus de règles.

      Je suis venu vous dire que la France la veut aussi. Elle veut se battre avec l’Europe, elle veut se battre avec l’Afrique, elle veut se battre avec tous ceux, qui dans le monde, veulent changer la mondialisation. Si l’Afrique, la France et l’Europe le veulent ensemble, alors nous réussirons. Mais nous ne pouvons pas exprimer une volonté votre place [sic].

      Jeunes d’Afrique, vous voulez le développement, vous voulez la croissance, vous voulez la hausse du niveau de vie.

      Mais le voulez-vous vraiment? Voulez-vous que cesse l’arbitraire, la corruption, la violence? Voulez-vous que la propriété soit respectée, que l’argent