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La prononciation du français langue étrangère


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lecture d’un texte en allemand (« Nordwind und Sonne » ‘La bise et le soleil’) et

       un entretien mené par une Française originaire de la France septentrionale.

      L’entretien a systématiquement été adapté au niveau des élèves (A1–A2 ou B1) et se basait, d’une part, sur le protocole d’entretien du projet IPFC (questions sur les voyages et le rapport avec la langue française) et, d’autre part, sur les thèmes abordés dans le manuel scolaire utilisé (école, loisirs, famille, etc.). Étant donné que le texte PFC est d’un niveau grammatical et lexical assez élevé, nous avons laissé le choix aux élèves de première année de le lire ou non. En plus des tâches énumérées ci-dessus, les élèves ont rempli un questionnaire socio-démographique (en allemand), basé sur les questionnaires des projets PFC et IPFC. La méthodologie adoptée a auparavant été vérifiée sous l’angle psychologique et juridique par l’inspection scolaire de la ville de Vienne. Les 145 élèves participants ainsi que leurs parents ont signé un consentement de participation. Le travail de terrain s’est déroulé entre novembre 2017 et avril 2018. Les enregistrements se sont faits avec un enregistreur ZOOM H4n (44.1kHz/16 Bit, mono).

      3.3 Transcription et codage

      Le corpus Pro2F contient au total 108 heures et 45 minutes de parole enregistrée. Ces enregistrements ont été transcrits orthographiquement sous PRAAT (Boersma/Weenink 2020, www.fon.hum.uva.nl/praat/) suivant les conventions de transcription du projet PFC adaptées aux élèves autrichiens.

      En suivant la procédure du projet PFC, nous dupliquons dans PRAAT la tire de transcription pour y intégrer un codage (alpha-)numérique. Les systèmes de codage sont également basés sur ceux du programme PFC, mais adaptés aux besoins du projet Pro2F (cf. Kamerhuber/Horvath/Pustka 2020 pour une première version du codage schwa et Heiszenberger et al. 2020 pour le codage liaison). Comme ces changements n’affectent que des variantes supplémentaires observées chez les apprenant.e.s qui ne seront pas traitées par la suite (p. ex. réduction vocalique dans intéressant [ɛ̃təʁɛsɑ̃]/[ɛ̃tʁɛsɑ̃] pour [ɛ̃teʁɛsɑ̃]), nous ne rentrons pas ici dans ces détails méthodologiques.

      Dans l’analyse qui suit, nous nous limitons à la question phonologique de la présence ou de l’absence du segment. Nous faisons donc abstraction de la qualité phonétique du schwa ([ə]/[e]/[ɛ]) et de la liaison (notamment [z]/[s]). Afin de nous concentrer sur les contextes à enseigner, nous écartons ici les cas de rupture du mot suivant, d’alternance codique ainsi que d’erreurs de lecture et de grammaire (où la liaison manque particulièrement souvent).

      4 Résultats

      4.1 Le schwa

      Au total, le corpus Pro2F contient 70 455 contextes codés pour le schwa pour lesquels nous relevons 51 % d’élisions : les entretiens guidés contiennent 28 275 contextes codés (55 % d’élisions), le texte PFC 21 814 contextes (43 % d’élisions), le texte Pro2F 11 984 contextes (51 % d’élisions) et la liste de mots Pro2F 8 382 contextes (61 % d’élisions).

      Pour l’analyse, nous avons choisi quatre contextes d’étude (cf. tableau 14) qui peuvent clairement être classés d’après l’état de l’art : deux contextes où l’élision du schwa est attendue et deux autres où le schwa doit être réalisé. Pour ces contextes, le corpus fournit suffisamment de données permettant une analyse détaillée prenant en compte la variation lexicale et la progression de la 1ère à la 6ème année d’apprentissage.

Contexte Parole spontanée Lecture
Texte PFC Texte Pro 2 F Liste Pro 2 F
Élision obligatoire Syllabe interne après une consonne, p. ex. bêt(e)ment 86 % (683/794) 80 % (460/576) 86 % (116/135) 53 % (212/403)
Finale absolue, p. ex. profond(e) 98 % (1835/1866) 97 % (678/698) 95 % (744/781) 93 % (4350/4700)
Réalisation obligatoire Syllabe interne après deux consonnes, p. ex. gouvern e ment 93 % (881/950) sans constructions figées : 30 % (25/83) parce que : 99 % (850/855) : autres constructions figées1 : 55 % (6/11) 52 % (37/71) 93 % (406/437) sans constructions figées : 81 % (116/144) parce que : 97 % (290/297) 75 % (120/159)
Clitique après deux consonnes, p. ex. au cours de 0,1 % (1/762) 0,1 % (2/1986) 0,3 % (2/638) 0 % (0/27)

      Tab. 8 :

      Le taux d’élision du schwa dans le corpus Pro2F.

      4.1.1 Élision du schwa obligatoire

      En ce qui concerne l’élision obligatoire du schwa en finale absolue après une consonne, le taux d’élision atteint 98 % en parole spontanée et entre 93 % et 97 % en lecture (cf. tableau 14). Les élèves autrichiens n’ont donc guère de problèmes avec l’élision obligatoire dans ce contexte. En parole spontanée, les seuls contextes pour lesquels on note des schwas réalisés sont les cas où les élèves les plus avancés (20 occurrences sur 32 entre la 4ème et la 6ème année d’apprentissage) répètent un mot que l’enquêtrice native avait prononcé précédemment dans sa question avec un schwa prépausal caractéristique du français parisien (cf. Hansen 1997), p. ex. E : Et qu’est-ce que tu aimes à Vienne ? 615 : À Vienne ?. Concernant la lecture du texte PFC, le schwa est le plus souvent réalisé (22 au total) à la fin des mots profonde (9 occ. sur 107) et stupide (6 occ. sur 129), donc après la plosive sonore [d]. Cette tendance se retrouve également dans la liste de mots, où la plupart des schwas sont également réalisés après [d], en l’occurrence dans les mots Andes et Inde. Ajoutons que pour ces mots le schwa final est, la plupart du temps,