Александр Дюма

Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера


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vous payer ma dette à tous trois, car M. Athos a le droit de me tuer le premier. Excusez-moi, mais de cela seulement, et en garde[95]!

      Avec ces mots d’Artagnan a tiré son épée. Mais les deux rapières s’étaient à peine touchées[96], que les gardes de Son Éminence commandés par M. de Jussac, se sont montrés à l’angle du monastère.

      – Holà! mousquetaires, a dit de Jussac, on se bat donc ici? Et les édits qui interdisent les duels, qu’en faisons-nous? Rengainez donc, s’il vous plaît, et suivez-nous.

      – Messieurs, a dit Aramis, nous vous suivrions mais M. de Tréville nous l’a interdit. Passez donc votre chemin, c’est ce que vous avez de mieux à faire[97].

      – Nous vous chargerons[98] donc, a dit Jussac.

      – Ils sont cinq, a dit Athos à demi-voix, et nous ne sommes que trois; nous serons encore battus. Mais je ne reparai plus vaincu devant le capitaine[99]. Il nous faudra mourir ici[100].

      Maintenant d’Artagnan a du prendre son parti[101]. C’était là un de ces événements qui décident de la vie d’un homme, c’était un choix à faire entre le roi et le cardinal.

      Il s’est tourné donc vers Athos et ses amis:

      – Messieurs, il me semble que nous sommes quatre.

      – Mais vous n’êtes pas des nôtres[102], a dit Porthos.

      – C’est vrai, a répondu d’Artagnan, mais mon coeur est mousquetaire, je le sens bien.

      De Jussac a proposé à d’Artagnan de se retirer à cause de son âge. Mais d’Artagnan a refusé.

      – Décidément vous êtes un joli garçon, a dit Athos en serrant la main du jeune homme, nous ne serons que trois, dont un blessé[103], plus un enfant, et l’on dira que nous étions quatre hommes. Comment vous appelle-t-on, mon brave?

      – D’Artagnan, monsieur.

      – Eh bien, Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan, en avant! a crié Athos.

      Et les neuf combattants se sont précipités les uns sur les autres. Le combat a commencé.

      D’Artagnan se battait contre de Jussac. Le jeune homme a paré son coup et lui a passé son épée au travers du corps[104]. Jussac est tombé comme une masse[105]. Autres trois gardes ont été désarmés, l’un était mort. Les mousquetaires les ont portés sous le porche du couvent.

      Puis ils se sont acheminés vers l’hôtel de M. de Tréville. D’Artagnan marchait entre Athos et Porthos en les étreignant tendrement.

      – Si je ne suis pas encore mousquetaire, il a dit à ses nouveaux amis, au moins me voilà reçu apprenti[106], n’est-ce pas?

      Cette histoire a fait grand bruit[107]. Le roi Louis XIII lui-même, fier d’avoir ses hommes braves comme ses mousquetaires, les a invités chez lui. D’Artagnan a reçu 40 pistoles du roi pour son courage, et par recommendation du roi il a été placé dans la compagnie des gardes de M. des Essarts[108], le beau-frère de M. de Tréville, parce que ce dernier n’avait pas de place dans les mousquetaires.

      Chapitre VI

      Les mousquetaires ont décidé de commander un bon repas. Le nouveau laquais de d’Artagnan fourni par Porthos[109] a servi à table. C’était un Picard que le glorieux mousquetaire avait aperçu le jour même sur le pont de la Tournelle, pendant qu’il faisait des ronds en crachant dans l’eau[110]. Porthos avait décidé que cette occupation était la preuve d’une organisation réfléchie et contemplative. Mais Porthos avait son laquais Mousqueton et a proposé ce-là à d’Artagnan.

      Ce laquais qui s’appelait Planchet a remercié le Ciel d’être tombé en la possession de d’Artagnan[111].

      Athos, de son côté, avait un valet que l’on appelait Grimaud. Il était fort silencieux, ce digne seigneur. Nous parlons d’Athos, bien entendu[112]. Ses compagnons, Porthos et Aramis, ne l’ont jamais entendu rire. Ses paroles étaient brèves. Athos avait à peine trente ans et était d’une grande beauté de corps et d’esprit, mais personne ne lui connaissait de maîtresse[113]. Jamais il ne parlait de femmes. Grimaud lui obéissait sur un simple geste ou sur un simple mouvement des lèvres[114]. Il ne lui parlait que dans des circonstances suprêmes[115].

      Porthos avait un caractère tout opposé à celui d’Athos: non seulement il parlait beaucoup, mais il parlait haut[116]. Il avait moins grand air qu’Athos et tâchait de le dépasser par ses splendides toilettes et par les histoires de ses affaires amoureuses.

      Un vieux proverbe dit: «Tel maître, tel valet[117].» Mousqueton, le laquais de Porthos, était toujours habillé d’une façon magnifique comme son maître.

      Quant à Aramis, il avait l’espérance d’entrer un jour dans les ordres[118]. Il a dit souvent «Je serai abbé s’il me convient; en attendant, je suis mousquetaire.» Ce jeune homme était fier de sa beauté et avait du succès avec les femmes. Son laquais s’appelait Bazin. Il était toujours vêtu de noir, comme doit l’être le serviteur d’un homme d’Église[119]. Sa fidélité était excéptionnelle.

      D’Artagnan adorait ses nouveaux amis. Il a considéré Athos comme un Achille, Porthos comme un Ajax, et Aramis comme un Joseph[120].

      De leur côté, les trois mousquetaires aimaient fort leur jeune camarade. L’amitié qui unissait ces quatre hommes, et le besoin de se voir trois ou quatre fois par jour, soit pour duel, soit pour affaires, soit pour plaisir, les faisaient sans cesse[121] courir l’un après l’autre comme des ombres; et l’on rencontrait toujours les inséparables[122].

      D’Artagnan a été pris comme cadet dans la compagnie des gardes de M. des Essarts selon les promesses de M. de Tréville. Ce dernier lui a dit que le jeune homme deviendrait mousquetaire après un noviciat de deux ans[123] ou s’il ferait quelque action exceptionnelle.

      Chapitre VII

      Un jour on a frappe doucement à la porte du logement de d’Artagnan. C’était un bourgeois de mine assez simple[124]. Ce bourgeois, qu’on appelé Bonacieux, était le propriétaire de l’appartement de d’Artagnan.

      – J’ai entendu parler de M. d’Artagnan comme d’un jeune homme fort brave, a dit le bourgeois, et c’est pourquoi j’ai décide de lui confier un secret.

      – Parlez, monsieur, lui a répondu d’Artagnan.

      – Ma femme qui est lingère chez la reine, monsieur, a été