Александр Дюма

Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера


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crois donc que ma femme a été arrêtée à cause des affaires amoureuses d’une plus grande dame qu’elle.

      – De Mme de Bois-Tracy? a dit d’Artagnan. Il voulait avoir l’air du connaisseur des affaires de la cour[126].

      – Plus haut, beaucoup plus haut!

      – De la… s’est arrêté d’Artagnan. Il a pensé de la reine Anne d’Autriche.

      – Oui, monsieur, a répondu le bourgeois épouvanté.

      – Mais avec qui?

      – Avec qui cela peut-il être, si ce n’est avec le duc de…[127]

      – Le duc de Buckingham…

      – La reine croit qu’on a écrit à M. le duc de Buckingham en son nom pour le faire venir à Paris et pour l’attirer dans quelque piège[128]. On connaît que ma femme est dévouée à la reine. On veut soit l’éloigner de sa maîtresse, soit apprendre tous ses secrets.

      – C’est probable, a dit d’Artagnan, mais l’homme qui l’a enlevée, le connaissez-vous?

      – Je sais seulement qu’il sert le cardinal. C’est un haut gentilhomme, il a une cicatrice à la tempe[129].

      – Une cicatrice à la tempe! s’est écrié d’Artagnan, c’est mon homme de Meung!

      – C’est votre homme, dites-vous?

      – Oui! Je ferai d’un coup deux vengeances[130]. Mais où je trouverai cet homme?

      – Je sais seulement que ma femme a disparu près du Louvre. De plus, cet homme a laissé une lettre.

      Le bourgeois lui a donné une lettre.

      «Ne cherchez pas votre femme, a lu d’Artagnan, si vous faites une seule démarche pour la retrouver, vous êtes perdu[131]

      Mais tout à coup, Bonacieux a vu un homme en face des fenêtres, un homme enveloppé dans un manteau[132].

      – Mais… Voilà lui, cet homme inconnu!

      D’Artagnan l’a vu et a crié:

      – C’est lui! Cette fois-ci, il ne m’échappera pas.

      Avec ces mots il s’est précipité hors de l’appartement.

      Chapitre VIII

      Mais d’Artagnan n’a pas réussi à trouver son homme de Meung. Déçu, il est rentré à son appartement. Ses amis l’y attendaient.

      Et alors il a raconté mot à mot[133] à ses amis ce qui venait de se passer entre lui et son hôte, et comment l’homme qui avait enlevé la femme du digne bourgeois était son ennemi personnel, l’homme de Meung.

      – Ce n’est point de Mme Bonacieux que je m’inquiète, a dit d’Artagnan, mais de la reine. Si je savais où est le duc de Buckingham, je voudrais le prendre par la main et le conduire près de la reine, pour faire enrager M. le cardinal[134]; car notre véritable, notre seul, notre éternel ennemi, messieurs, c’est le cardinal.

      – Et, a dit Athos, le bourgeois vous a dit, d’Artagnan, que la reine pensait qu’on avait fait venir Buckingham à Paris?

      – Elle en a peur[135], a dit d’Artagnan, maintenant je crois, que l’enlèvement de cette femme de la reine se rattache à la présence de M. de Buckingham à Paris.

      – Le Gascon est plein d’idées, a dit Porthos avec admiration.

      – Je voudrais vous raconter une histoire, a dit soudainement Aramis, hier j’ai été chez un savant docteur en théologie que je consulte pour mes études[136]. Quand je sortais de chez lui…

      Ici Aramis s’est arrêté comme un homme qui, en plein courant de mensonge[137], se voit arrêter par quelque obstacle imprévu[138].

      – Ce docteur a une nièce, a continué Aramis.

      Ses amis se sont mis à rire.

      – Je devais la conduire à son carrosse.

      – Ah! elle a un carrosse, la nièce du docteur? l’a interrompu Porthos.

      – Vous êtes fort indiscret[139], Porthos, a dit Aramis. Il continuait: Tout à coup, un gentilhomme grand et brun, tout comme le vôtre, d’Artagnan, s’est approché de moi. Il nous a demandé de le suivre.

      – C’était lui! a crié d’Artagnan, il vous avait pris pour Buckingham[140]! Et la dame, il l’avait prise pour la reine!

      En ce moment les amis ont entendu le bruit. Le bourgeois est entré dans la chambre.

      – Ah, messieur, sauvez-moi! il a crié.

      En ce moment, les quatre gardes ont apparu à la porte.

      – Entrez, messieurs, a crié d’Artagnan, nous sommes tous de fidèles serviteurs du roi et de M. le cardinal.

      – Mais vous m’avez promis…, a dit tout bas[141] le pauvre bourgeois.

      – Nous ne pouvons vous sauver qu’en restant libres[142], a répondu d’Artagnan, et si nous faisons mine de vous défendre[143], on nous arrête avec vous.

      Et d’Artagnan a poussé le bourgeois tout aux mains des gardes, en lui disant:

      – Vous êtes un maraud, mon cher; vous venez me demander de l’argent, à moi! à un mousquetaire! En prison, messieurs, emmenez-le en prison, cela me donnera du temps pour payer.

      Et les gardes sont sortis avec le pauvre bourgeois.

      – Comment ça? a dit Porthos, quatre mousquetaires laissent arrêter au milieu d’eux un malheureux qui crie à l’aide!

      – J’approuve la décision de d’Artagnan, a dit Athos, elle est vraiment sage.

      – Et maintenant, messieurs, a dit d’Artagnan sans se donner la peine d’expliquer sa conduite à Porthos[144], tous pour un, un pour tous, c’est notre devise, n’est-ce pas?

      Et les quatre amis ont répété d’une seule voix[145] la formule dictée par d’Artagnan:

      – Tous pour un, un pour tous.

      Chapitre IX

      Les gens du M. cardinal ont fait une souricière de l’appartement de M. Bonacieux[146]. C’est à dire que chacun qui a apparu ici, était pris et interrogé par les gardes. Une allée particulière conduisait à l’étage où habitait d’Artagnan: ses amis et lui-même étaient hors danger[147].

      Un soir d’Artagnan a entendu frapper à la porte. Cette porte s’est ouverte et s’est renfermée immédiatement. Quelqu’un venait de se prendre à la souricière[148].

      D’Artagnan a vu que c’était une