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Références aux classiques de la culture chinoise dans les discours de Xi Jinping


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de paix, garde la mort à l’esprit alors qu’il est en vie, et n’oublie pas que le trouble peut survenir même lorsque l’ordre règne. C’est ainsi qu’il échappe aux situations dangereuses et qu’il conserve ses terres. Cela est conforme à ce que dit le Classique des mutations: «Vigilance, vigilance, on sera alors solide comme si l’on s’était attaché au tronc d’un mûrier».

      –-(Entre les dynasties des Yin et des Zhou et celles des Qin et des Han), Zhou Yi: Xi Ci Xia (Classique des mutations: Explications annexées aux sentences divinatoires, tome 2)

      Interprétation

      Le Classique des mutations, connu également sous le nom du Livre des Mutations des Zhou, est l’un des livres canoniques du Confucianisme. Il est composé de deux parties intitulées respectivement «Canon» («Jing») et «Commentaire» («Zhuan»). La première partie a possiblement été écrite entre les époques des Yin et des Zhou et était destinée aux pratiques divinatoires. La deuxième partie constitue une des premières interprétations du «Canon», et ce commentaire ancien est attribué à Confucius.

      «Vigilance, vigilance, on sera alors solide comme si l’on s’était attaché au tronc d’un mûrier» est une sentence divinatoire, occupant la cinquième ligne dans l’hexagramme «la stagnation» («Pi»), douzième des soixante-quatre hexagrammes du Classique des mutations. «Stagnation» signifie «obstruction» et décrit une situation dans laquelle il n’y a plus de communion entre le Ciel et la Terre, ni entre toutes les espèces vivantes. Cet hexagramme prédit le blocage des voies de croissance de l’univers dû à l’absence de communication entre le Ciel et la Terre. Il symbolise aussi une période troublée où les hommes de peu de vertu se saisissent du pouvoir tandis que déclinent les forces des hommes de bien. Au lieu d’agir sur un coup de tête dans cette situation, ces derniers devraient reconstituer leurs forces, attendre patiemment le moment favorable pour porter un coup décisif et retourner la situation à leur avantage. Attribué à Confucius, Xi Ci est un ouvrage de commentaires des Mutations. Citant l’hexagramme douze, Confucius écrit «l’homme de bien n’oublie pas le danger en temps de paix, garde la mort à l’esprit alors qu’il est en vie, et n’oublie pas que le trouble peut survenir même lorsque l’ordre règne». Cela signifie que le souverain ne doit pas oublier le danger quand son pays est en paix ni oublier la possibilité de son anéantissement lorsque celui-ci existe, ni encore oublier que les troubles peuvent apparaître même quand l’ordre règne dans le pays. Ceux qui sont à la tête du pays doivent être conscients des risques éventuels, demeurer vigilants quant aux difficultés qu’ils pourraient rencontrer et aux dangers susceptibles de menacer l’avenir du pays. Il faut anticiper le danger même lorsqu’on se trouve en sécurité, et agir toujours avec diligence et attention sans jamais se laisser aller. C’est à ce prix qu’on peut avoir une vie sûre et assurer la défense de son pays.

      De tous les problèmes qu’on puisse rencontrer, celui qui est de loin le plus dangereux est lorsque tout semble apparemment aller bien mais qu’en réalité des problèmes imprévisibles couvent sous la surface. Si l’on reste assis à observer l’évolution de la situation sans chercher des solutions, la situation risquera de se dégrader jusqu’à devenir incontrôlable.

      –-Cité dans Le discours prononcé à la fin de la mission d’inspection au Xinjiang et autres.

      Commentaire

      Xi Jinping a exprimé à plusieurs reprises sa prédilection pour cette phrase de Su Shi. Il existe de nombreuses leçons de ce genre dans l’histoire: le règne Kaiyuan de la dynastie des Tang, placé sous le signe de la prospérité et de la paix, s’est achevé par la révolte catastrophique de An Lushan et de Shi Siming. La responsabilité de cette révolte est en partie imputable à l’Empereur Xuanzong qui, devenu aussi orgueilleux qu’oisif, avait perdu l’esprit d’initiative et succombé aux plaisir des sens; durant les règnes de Kangxi, de Yongzheng et de Qianlong, considérés comme le zénith de la puissance de la dynastie des Qing, à la cour comme parmi le peuple, les gens étaient enivrés par le bon gouvernement du pays et les exploits militaires accomplis mais dans le même temps, la prodigalité et la corruption avaient petit à petit gangréné la société au point d’entraîner un relâchement de l’administration exemplaire par les fonctionnaires et d’engendrer par la suite la décadence connue sous les règnes des Empereurs Jiaqing et de Daoguang. Aussi bien pour un Etat qu’une société ou une organisation, ce ne sont pas des catastrophes ou des événements malheureux qui surviennent brusquement qui menacent le plus leur survie ou leur développement, mais le laisser-aller et la négligence qui se développent subrepticement en leur sein. C’est la raison pour laquelle Xi Jinping tire sans cesse la sonnette d’alarme auprès des cadres à tous les échelons: il faut, «tel un sage, voir clairement des choses lorsqu’elles sont à l’état de germe», c’est-à-dire être circonspect et prévoyant pour parer à toute éventualité. Comment faire pour arriver à planifier l’avenir? Il faut, comme l’indique Xi Jinping, «procéder à une analyse et évaluation approfondie de tous les sujets dont on a déjà une vision claire afin de pouvoir établir des plans d’action le plus tôt possible et d’y apporter des réponses sans travailler dans la hâte; quant aux sujets sur lesquels on ne voit pas encore très clair pour le moment, il faut continuer à les suivre de près et prendre des précautions de manière à réagir avec souplesse aux défis qui viendront.»

      Source

      De tous les problèmes qu’on puisse rencontrer, celui qui est de loin le plus dangereux est lorsque tout semble apparemment aller bien mais qu’en réalité des problèmes imprévisibles couvent sous la surface. Si l’on reste assis à observer l’évolution de la situation sans chercher des solutions, la situation risquera de se dégrader jusqu’à devenir incontrôlable. Mais si l’on se lève pour mettre la situation sous contrôle de force, alors les gens habitués à la paix et au confort perdront la confiance qu’ils ont placée en nous. Il n’y a que des hommes de bien et de qualité exceptionnelle qui puissent relever les plus grands défis dans l’intérêt du pays et espérer réaliser de grands exploits. Il est évident que la réussite de ces entreprises ne dépend ni du temps qu’on passe à essayer de les accomplir, ni des efforts fournis par des ambitieux qui ne seraient attirés que par la renommée qu’ils pourraient tirer de la résolution de ces problèmes.

      –-SU Shi (dynastie des Song du Nord), Chao Cuo Lun (A propos de Chao Cuo)

      Interprétation

      Réformateur et conseiller de l’Empereur Jingdi, Chao Cuo propose de réduire la puissance excessive des princes, mais il finit par être exécuté. A propos de Chao Cuo est une biographie critique écrite par Su Shi sur cet événement historique et qui propose une réflexion sur les principales causes de son exécution sous le règne de Jingdi au début de la dynastie des Han de l’Ouest.

      Dans cet extrait, le premier paragraphe de la biographie, l’auteur expose d’emblée son point de vue: le danger le plus difficile à traiter qui soit est lorsque tout va bien en apparence mais qu’en réalité couvent des problèmes imprévisibles. Cette phrase donne à entendre que la prospérité paisible qu’affiche le règne de Jingdi n’est pas exempte de dangers et que les princes devenant de plus en plus puissants constituent une menace pour le gouvernement central. Ensuite, il utilise les deux verbes «rester assis» et «se lever» pour développer son analyse autour de la notion de «problèmes». Si l’on reste assis à observer l’évolution de la situation sans chercher des solutions, les problèmes persisteront jusqu’à devenir incontrôlables; «mais si l’on se lève (intervient) pour mettre la situation sous contrôle de force» sans attendre le moment favorable, alors les gens habitués à la paix et au confort n’auront plus confiance en nous et cesseront de nous croire ou de nous soutenir. En réalité, Chao Cuo s’est attaqué trop tôt et d’une manière trop violente à la puissance des princes, ce qui a directement provoqué «la révolte des sept Etats». Etablissant ensuite une comparaison entre Chao Cuo et les hommes vertueux et les héros, l’auteur déclare