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Références aux classiques de la culture chinoise dans les discours de Xi Jinping


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pas, moi qui suis triste de constater que tout ne se passe pas comme la population l’entend dans la vie. L’impossibilité de garder cette mélancolie pour moi-même est à l’origine de ce livre qui en est l’expression.» Imitant le style des maîtres-penseurs d’avant la dynastie des Qin et intitulé dans un premier temps Livre de gouvernance (Heng Shu), qui signifie «maintenir l’ordre et la justice sur terre», cet ouvrage finit par changer de titre à cause des tribulations successives endurées par son auteur et prend finalement le nom de Livre à l’affût, un titre à comprendre dans le sens de «dans l’attente de l’instant propice pour être écouté».

      Tang Zhen était non seulement un penseur extraordinaire mais aussi un praticien chevronné. Afin d’inciter les paysans du district de Changzi dans la province de Shanxi dont il était le magistrat, à planter des mûriers et à élever des vers à soie, il rend des visites de porte à porte à ses administrés et donne l’exemple par ses propres actes. Au final, plus de 800 000 mûriers sont plantés en moins d’un mois, et ce, sans que des documents officiels ou des avis au public n’aient été publiés. La conclusion qu’il a tirée de cette expérience est qu’«un bon gouvernement privilégie les actions». Les décrets et les avis au public «servent seulement à faire passer les messages ou aident à se prémunir contre d’éventuels oublis. Cela suffit-il pour qu’on s’appuie entièrement dessus?» s’interroge Tang Zhen. D’où sa conclusion: «Un bon gouvernement s’appuie sur des actions concrètes et non sur les décrets écrits.» Les actions concrètes sont le signe qu’on garde les pieds sur terre et qu’un travail solide est en train d’être accompli. Selon Tang Zhen, la mise en œuvre d’actions concrètes est d’une importance capitale pour bien exercer le pouvoir et pour assurer la paix dans le pays. Sinon, la vie du peuple et la société seront en proie au chaos. Ce qu’il exprime ici dénonce essentiellement l’inflation des documents administratifs et la non-application des ordres dans les milieux officiels sans nier pour autant le rôle positif des circulaires dans la mise en œuvre des décisions gouvernementales. Il pense que si on ne fait qu’émettre des décrets sans se préoccuper de leur exécution, on finira fatalement par constater que «les services administratifs ne soignent pas leur travail, que les mesures de toutes sortes ne sont pas mises en œuvre, et que l’augmentation insidieuse des mauvaises pratiques entraînent la multiplication des interdictions. Conséquence de ces dérives, l’importance excessive accordée à des affaires insignifiantes fera que des aspects importants de la politique publique seront laissés de côté» et les avis au public affichés partout resteront lettre morte.

      Connaître clairement les données pour élaborer un plan d’action et hiérarchiser les priorités dans le processus de prise de décision; relier le haut et le bas pour assurer une bonne communication et tenir compte de l’intérieur et de l’extérieur pour la mise en œuvre des actions.

      –-Cité dans Sortir de la pauvreté: A propos des divers sujets liés à l’administration et autres.

      Commentaire

      Plus on approfondit les réformes, plus on rencontre d’obstacles et de défis. Comment faire pour profiter du vent favorable et avancer malgré tous les obstacles? Le président Xi Jinping a employé la phrase suivante à maintes reprises: «il faut être capable d’oser passer à l’attaque et en même temps savoir anticiper les difficultés pour progresser de manière stable et rapide»; il s’agit d’une approche méthodologique que nous devons toujours suivre pour ce qui concerne l’approfondissement dans tous les domaines des politiques de réforme. Lorsqu’on est capable d’établir une hiérarchie entre les priorités, il devient facile de distinguer l’essentiel de ce qui est secondaire et tout sera bien ordonné grâce à une communication fluide entre les hiérarchies et à une distinction nette entre ce qui relève de l’intérieur et ce qui est destiné à l’extérieur. La campagne actuelle de réformes étant un projet multidimensionnel, où les réformes des uns se répercutent sur celle des autres, et où une petite modification sur un point mineur peut avoir des impacts sur le tableau d’ensemble. Dans ce contexte, celui qui agit seul courra le risque de mettre en danger les chantiers de réforme mis en œuvre par d’autres et un seul pion pourra bouleverser l’équilibre de l’échiquier entier. Par conséquent, il faut non seulement avoir le courage d’entreprendre des réformes et d’avancer dans des eaux où le courant est fort, mais aussi garder la tête froide et agir en se référant à un plan mûrement réfléchi; il faut allier une volonté inflexible de progresser sans perdre un instant à la clairvoyance qui permet de savoir quand le moment est propice pour agir et de distinguer quand on se trouve sur des eaux calmes en surface mais agitées par des courants profonds en réalité. Chaque chose en son temps: gardez-vous de démarrer à la hâte un projet qui nécessite de procéder à des essais à titre expérimental, de vouloir réussir trop rapidement ce qui doit faire l’objet d’études approfondies ou de démarrer le chantier avant d’obtenir les autorisations indispensables sur le plan juridique. Dans le cas contraire, vous risquerez de perdre l’approche méthodique indispensable pour bien travailler, mais aussi de provoquer la désorganisation dans le travail de votre administration, voire même de causer des troubles plus importants. En maîtrisant bien les séquences d’introduction des mesures et le calendrier des réformes importantes, et en accordant la priorité aux réformes fondamentales, on arrivera à «progresser de manière stable et rapide» dans un cadre bien structuré et coordonné.

      Source

      Le duc Mu des Qin demanda: «Si ce que vous dites est vrai, je peux alors dominer le monde?» Jian Shu lui répondit: «Non, pas encore. Celui qui aspire à dominer le monde doit d’abord se défaire de trois défauts fatals: la cupidité, la colère et l’impatience. La cupidité conduit à perdre plus que ce qu’on obtient, la colère provoque bien des catastrophes et l’impatience multiplie les risques de trébucher en chemin. Mais quand on connaît clairement les données nécessaires à la bonne conduite de son projet, pourquoi ferait-on preuve de cupidité? Quand on pèse le pour et le contre avant d’agir, à quoi sert la colère? Quand on est capable de hiérarchiser les priorités lorsqu’on définit une politique, comment l’impatience serait-elle encore de mise? Quand vous aurez réussi à vous abstenir de ces trois maux, la domination à laquelle vous aspirez ne sera pas longue à venir.»

      –-Feng Menglong (dynastie des Ming), Dong Zhou Lie Guo Zhi: Di Er Shi Liu Hui (Annales des pays des Zhou de l’Est: Chapitre 26)

      Interprétation

      Les Annales des pays des Zhou de l’Est est un roman historique réécrit par Feng Menglong, homme de lettres de la fin des Ming. Organisé autour des thèmes des «Cinq hégémons de l’époque des Printemps et Automnes» et des «Sept puissances de l’époque des Royaumes combattants», ce roman retrace l’histoire allant du «renouveau du règne du Roi Xuan» à «l’anéantissement des six autres royaumes par le royaume qui deviendra par la suite la dynastie des Qin».

      C’est au chapitre 26 du roman que le Duc Mu des Qin pose à son ministre Jian Shu la question de savoir comment on peut dominer le monde. On peut y arriver, lui répond Jian Shu, à condition de se prémunir contre trois défauts: la cupidité, la colère et l’impatience. Car la cupidité fera perdre plus que ce qu’on obtient, la colère engendrera des catastrophes tandis que l’impatience risquera de faire échouer vos entreprises. Il indique ensuite la méthode à suivre pour réussir, méthode qui consiste à connaître clairement au préalable toutes les données nécessaires à la planification, à peser le pour et le contre avant d’agir, et à hiérarchiser les priorités. Si l’on maîtrise clairement tous les paramètres pour élaborer le plan approprié à la situation, pourquoi avoir les yeux plus gros que le ventre? Si l’on arrive à estimer et à comparer la force des uns et des autres avant de passer à l’action, pourquoi aurait-on encore besoin de se mettre en colère? Si l’on peut traiter les problèmes par ordre de priorité en fonction des circonstances, quelle nécessité de brûler d’impatience? Grâce à ces trois «lignes de défenses», le jour n’est pas loin où l’on pourra régner en maître sur tout le pays. «Connaître clairement les données pour