Comment Department of People's Daily

Références aux classiques de la culture chinoise dans les discours de Xi Jinping


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(période des Printemps et Automnes), Guan Zi: Jiu Shou: Zhu Ming (Guan Zi: Neuf maîtrises: Souverain éclairé)

      Interprétation

      «Les yeux n’ont de valeur que s’ils voient avec discernement, les oreilles que si elles entendent distinctement et le cerveau que lorsqu’il est agile.» Cette phrase signifie que la valeur des yeux réside en leur capacité à distinguer des objets, que les oreilles ne sont précieuses que quand elles permettent d’entendre les sons les plus faibles et que le cerveau doit permettre une réflexion rapide et flexible. Que ce soit voir, entendre ou comprendre, rien ne peut échapper au souverain si celui-ci a la faculté de percevoir les choses comme les perçoivent ses sujets. Le feu flambe quand tout le monde y met du bois. La force d’une personne seule étant limitée, un dirigeant doit s’appuyer sur les forces combinées du peuple pour voir loin et faire preuve de perspicacité à travers des actions hors de portée d’hommes ordinaires, alors que l’entêtement borné et les décisions arbitraires ne peuvent que mener le pays à la ruine.

      Par ailleurs, les assertions comme «Quand deux hommes partagent les mêmes aspirations, elles pourront trancher même le métal» ou «La cible sera atteinte si elle est visée par dix milles archers», que l’on trouve respectivement dans le Commentaire du «Classique des mutations» pour la première et dans Les Annales des Printemps et Automnes du Maître Lü pour la deuxième, illustrent en fin de compte toutes les deux l’idée que «l’union fait la force».

      Si seulement on réfléchissait mûrement avant de passer à l’action: rien ne serait impossible sur terre.

      –-Cité dans Le discours prononcé lors du séminaire thématique rassemblant les principaux dirigeants au niveau provincial ou ministériel pour étudier et appliquer l’esprit de la 3e session plénière du 18e Comité central du PCC et pour approfondir tous les aspects de la réforme et autres.

      Commentaire

      Lorsqu’il évoque les réformes, Xi Jinping insiste particulièrement sur la nécessité d’avoir une pensée stratégique et d’appliquer des méthodes appropriées afin de rompre avec les approches routinières et obsolètes. Ces vieilles habitudes proviennent soit de considérations pour la position individuelle, le statut et les intérêts de chacun, soit de la répartition du travail, des attributions ou des mécanismes institutionnels. Xi Jinping souligne aussi fréquemment que les situations auxquelles les cadres sont confrontés étant en constante évolution, leur travail doit s’adapter à des exigences sans cesse renouvelées: on essuiera certainement des revers si on s’entête à résoudre les nouveaux problèmes avec les solutions d’hier. Dans ce contexte caractérisé par des évolutions rapides et l’apparition de nouveaux défis que nous devons relever, si nos actions sont complètement guidées par la routine habituelle, on risquera de penser que les réformes ne sont plus nécessaires ou, tout du moins, on ne poussera pas la mise en place de ces nouvelles mesures avec le même enthousiasme. Nos nouvelles initiatives pourraient pâtir de cet état de fait. «Se défaire de vieilles idées» est un principe qui vise justement à briser les vieilles mentalités qui empêcheraient potentiellement l’approfondissement des réformes. Il s’agit d’une émancipation de la pensée, une sorte de «déclencheur» qui, comme l’indique Xi Jinping, permettra de faciliter la mise en place des réformes. C’est en continuant de suivre cette ligne directrice idéologique que l’on pourra identifier les racines du problème de la formation de privilèges intouchables, établir les marches à suivre pour résoudre ces problèmes, et contribuer à faire avancer les réformes.

      Source

      J’ai lu hier la lettre du chef de tribu nommé Huang que vous m’aviez fait parvenir. Sa cupidité excessive et son manque de vision sont les défauts qui nous permettront à terme de brider son ambition. Vu ce qu’il a écrit, il n’est plus l’homme buté que nous avons connu jadis, et on pourra profiter de cela pour lui imposer des contraintes…. Oh! si seulement on réfléchissait mûrement avant de passer à l’action: rien ne serait impossible sur terre. Qui plus est, la situation actuelle y est assez propice.

      –-Zhang Juzheng (dynastie des Ming), Da Xuan Da Xun Fu Wu Huan Zhou Ce Huang Qiu (Réponse à Wu Huanzhou, grand coordinateur Xuan Da pour régler le cas du chef de tribu Huang)

      Interprétation

      Il s’agit d’un courrier adressé par Zhang Juzheng à Wu Huanzhou, grand coordinateur Xuan Da – poste institué au début et au milieu de la dynastie des Ming et au détenteur duquel il incombait de gérer la défense de deux régions frontalières du Nord: les préfectures de Xuan et de Datong. Le chef de tribu Huang mentionné dans le courrier était Huang Anji, fils du souverain mongol Altan Khân. Cette lettre évoque la défense de la frontière septentrionale des Ming, et Zhang Juzheng rappelle que «si seulement on réfléchissait mûrement avant de passer à l’action: rien ne serait impossible sur terre.» Il recommande qu’on soupèse les circonstances avant d’agir, car il n’est rien d’impossible dans ce monde pourvu qu’on se donne le temps de bien réfléchir.

      Quoi qu’on fasse, une préparation préalable s’avère indispensable à la réussite de toute entreprise. Zhang Juzheng le sait parfaitement, comme le témoignent sa Lettre sur six sujets (Chen Liu Shi Shu): «Quoi qu’on entreprenne, il faut se livrer à un travail de réflexion et de délibération le plus complet possible et lorsqu’on agit, il faut y investir le plus d’efforts possible», ainsi que sa Réponse au vice-président de la cour de censeurs Sun Huaixi (Da Zhong Cheng Sun Huai Xi Shu): «Celui qui se lance dans une entreprise et veut obtenir des progrès rapides doit penser dès le début à sa conclusion.» On voit par-là que la politique de redressement social et économique initiée par Zhang Juzheng durant l’ère Wanli n’est pas due au hasard.

      Faire preuve de sang-froid face à des situations graves et ne pas perdre sa contenance lorsque les enjeux deviennent importants.

      –-Cité dans Sortir de la pauvreté: A propos des divers sujets liés à l’administration et autres.

      Commentaire

      «La détermination stratégique» est un concept central de Xi Jinping en matière de gouvernance et cette même détermination est une qualité essentielle pour les dirigeants dans leur vie privée et professionnelle au quotidien. Quand on prend des décisions ou qu’on promulgue des décrets, il faut «en méditer les conséquences au préalable afin d’éviter des égarements ultérieurs». Une fois une décision prise, on ne doit pas se laisser perturber par des commentaires ou des remarques formulées sur le moment, ni désorienter par les louanges ou les critiques. Il ne faut pas se mettre en tête de suivre les modes ou de s’incliner devant les tendances générales. Du moment que vous êtes animé par des convictions inébranlables et que vos décisions sont judicieuses, les commentaires et critiques de toutes sortes que vous entendrez autour de vous se tariront naturellement au fur et à mesure que les problèmes trouvent leurs solutions. A ce sujet, Mao Zedong a cité une sentence parallèle pour se moquer de ceux qui manquent de détermination: «Roseau sur le mur: tête lourde, pied faible, racine mince. Pousse de bambou sur le mont, bec acéré, peau épaisse, ventre creux.» Si les cadres dirigeants ne peuvent pas «faire preuve de sang-froid face à des situations graves», ils auront les jambes qui flageolent et reviendront sur les premières décisions au moment critique. Comment pourra-t-on dans ce cas-là approfondir encore les réformes? Dénonçant le risque de révoquer le soir un ordre donné le matin dans cet article daté de l’année 1990, Xi Jinping nous met en garde contre d’autres comportements indésirables comme «être assoiffé de résultats immédiats», «s’estimer infaillible», «être prompt à critiquer mais incapable de proposer une meilleure solution», avant d’analyser de façon complète les manières dont certains jeunes cadres ont pu se fourvoyer au cours de leur carrière. En fait, dénoncer ces quatre tabous correspond à chaque fois à un même objectif: il s’agit de rester déterminé, lucide, et serein; cela rejoint exactement ce qui est dit dans LaoTseu: «Celui qui dompte les hommes est puissant.