Уильям Шекспир

Peines d'amour perdues


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envoie beaucoup d'amants.

      ROSALINE. – Soit; pourvu que vous ne soyez pas du nombre.

      BIRON. – Non. Eh bien! adieu.

      LE ROI. – Madame, votre père offre ici le payement de cent mille écus, et ce n'est que la moitié de la somme que mon père a déboursée dans ses guerres. Mais supposez que lui ou moi nous ayons reçu cette somme entière, que ni l'un ni l'autre nous n'avons reçue, il restera encore dû cent mille autres écus, et c'est en nantissement de cette somme qu'une partie de l'Aquitaine nous est engagée, quoique sa valeur soit au-dessous de cette somme. Si donc, le roi votre père veut seulement nous restituer la moitié de ce qui reste à payer, nous céderons nos droits sur l'Aquitaine, et nous entretiendrons une amitié sincère avec Sa Majesté; mais il paraît que ce n'est guère là ce qu'il se propose de faire, car il demande ici qu'on lui rembourse cent mille écus; il ne parle point du payement des cent mille écus qui restent dus, pour faire revivre son titre sur l'Aquitaine; et nous aurions bien mieux aimé la rendre en recevant l'argent qu'a prêté notre père, que de la garder démembrée comme elle l'est. Chère princesse, si sa demande n'était pas aussi éloignée de toute proposition raisonnable, malgré quelques raisons secrètes, Votre Altesse aurait réussi à me faire céder et s'en retournerait satisfaite en France.

      LA PRINCESSE. – Vous faites une trop grande injure au roi mon père, et vous faites vous-même tort à la réputation de votre nom, en dissimulant ainsi le remboursement d'une somme qui a été si fidèlement acquittée.

      LE ROI. – Je vous proteste que je n'ai jamais rien su de ce remboursement; et si vous pouvez le prouver, je consens à vous rendre la somme ou à vous céder l'Aquitaine.

      LA PRINCESSE. – Je vous somme de tenir votre parole. – Boyet, vous pouvez produire les quittances données par les officiers particuliers de Charles, son père.

      LE ROI. – Voyons, donnez-moi ces preuves.

      BOYET. – Sous le bon plaisir de Votre Altesse, le paquet où se trouvent ces quittances et autres papiers relatifs à cette affaire n'est pas encore arrivé. Demain on les produira sous vos yeux.

      LE ROI. – Elles suffiront pour me convaincre, et à leur vue je souscris sans difficulté à tout ce qui sera juste et raisonnable. En attendant, recevez de moi tout l'accueil que l'honneur peut, sans blesser l'honneur, offrir à votre mérite reconnu. Vous ne pouvez, belle princesse, être admise dans mon palais, mais ici, dans cette enceinte, vous serez reçue et traitée de manière à vous faire juger que si l'entrée de mon palais vous est interdite, vous occupez une place dans mon coeur. Que vos bontés m'excusent; je prends congé de vous; demain nous reviendrons vous faire notre visite.

      LA PRINCESSE. – Que l'aimable santé et les heureux désirs accompagnent Votre Altesse!

      LE ROI. – Je vous souhaite l'accomplissement des vôtres, partout où vous serez.

(Le roi sort avec sa suite.)

      BIRON, à Rosaline. – Madame, je ferai vos compliments à mon coeur.

      ROSALINE. – Je vous en prie, dites-lui bien des choses de ma part: je serais bien aise de le voir.

      BIRON. – Je voudrais que vous l'entendissiez gémir.

      ROSALINE. – Le fou est-il malade?

      BIRON. – Malade au coeur.

      ROSALINE. – Eh bien! faites-le saigner.

      BIRON. – Cela lui ferait-il du bien?

      ROSALINE. – Ma médecine dit oui.

      BIRON. – Voulez-vous le saigner d'un coup d'oeil?

      ROSALINE. -Non point15, mais avec mon couteau.

      BIRON. – Dieu vous conserve la vie!

      ROSALINE. – Et qu'il abrège la vôtre!

      BIRON. – Je n'ai pas de remerciements à vous faire.

      DUMAINE, à Boyet, montrant Rosaline. – Monsieur, un mot, je vous prie: quelle est cette dame?

      BOYET. – L'héritière d'Alençon: son nom est Rosaline.

      DUMAINE. – Une fort jolie dame! Adieu, monsieur.

(Il sort.)

      LONGUEVILLE, à Boyet. – Je vous conjure, un mot: qu'est-ce que c'est que cette dame vêtue en blanc?

      BOYET. – Une femme parfaite, et vous l'avez vue à la lumière.

      LONGUEVILLE. – Peut-être légère16 à la lumière; c'est son nom que je demande.

      BOYET. – Elle n'en a qu'un pour elle; ce serait honteux de le demander.

      LONGUEVILLE. – Je vous prie, de qui est-elle fille?

      BOYET. – De sa mère, ai-je entendu dire.

      LONGUEVILLE. – Dieu bénisse votre barbe!

      BOYET. – Monsieur, ne vous fâchez pas: elle est l'héritière de Faulconbridge.

      LONGUEVILLE. – C'est une très-aimable dame.

      BOYET. – Oui, monsieur, cela pourrait être.

(Longueville sort.)

      BIRON, à Boyet. – Quel est le nom de cette dame en chaperon?

      BOYET. – Catherine, par hasard.

      BIRON. – Est-elle mariée, ou non?

      BOYET. – A sa volonté, monsieur, ou à peu près.

      BIRON. – Je vous donne le bonjour, monsieur, et adieu.

      BOYET. – Adieu pour moi, et bonjour pour vous.

      (Biron sort, et les dames se démasquent.)

      MARIE. – Ce dernier, c'est Biron, ce seigneur jovial et folâtre; chacun de ses mots est une saillie.

      BOYET. – Et chacune de ces saillies rien qu'un mot.

      LA PRINCESSE. – Vous avez bien fait de le prendre au mot.

      BOYET. – J'étais aussi disposé à l'accrocher que lui à m'aborder17.

      MARIE. – Peste! deux vaillants moutons!

      BOYET. – Et pourquoi pas deux vaisseaux? Ma douce brebis, nous ne serons moutons que si vous nous laissez brouter sur vos lèvres.

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      1

      Dull; ce mot veut dire insipide, ennuyé.

      2

      Jeu de mots intraduisible sur contents, contenu, et contempt, mépris.

      3

      Manner et form. Jeux de mots qui n'existent que dans l'anglais.

      4

      Le