Джек Марс

Président Élu


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sors dans le couloir et je récupère mes courses. C’est un peu pathétique, je sais.

      Luke garda le silence. C’était triste que Swann en soit réduit à ça, mais Luke n’aurait pas employé le mot « pathétique ». C’était arrivé, voilà tout. Peut-être qu’il pourrait aider Swann, le ramener dans le monde – ou pas. En tout cas, ce serait un gros travail qui prendrait beaucoup de temps, et il faudrait que Swann le souhaite. Parfois, des traumatismes psychologiques comme celui-ci ne guérissent jamais vraiment. Swann avait été fait prisonnier par Daesh et avait failli être décapité, quand Luke et Ed Newsam étaient intervenus. Avant leur arrivée, il avait été battu et avait subi des simulacres d’exécution.

      Un silence plana entre eux, pas du genre confortable.

      – Il y a eu une période où je te rendais responsable de ce qui m’est arrivé.

      – Okay, fit Luke.

      C’était l’opinion de Swann, et Luke n’allait pas en débattre avec lui. Mais Swann avait été volontaire pour cette mission, et Luke et Ed avaient risqué leur vie pour le sauver.

      – Je me rends compte que ça n’a plus guère de sens, et je ne le crois plus maintenant, mais il m’a fallu des mois de thérapie pour en arriver là. Ed et toi avez cette aura bizarre autour de vous. Comme si vous étiez surhumains. Même quand vous êtes blessés, on dirait que ça ne vous fait pas vraiment mal. Ceux qui vous fréquentent de trop près se mettent à croire que ce truc que vous avez s’applique aussi à eux. Mais ce n’est pas le cas. Quand les gens normaux sont blessés, ils meurent.

      – Tu es en thérapie en ce moment ?

      Swann hocha la tête.

      – Deux fois par semaine. J’ai trouvé un gars qui fait ça en vidéo. Il est dans son cabinet et moi ici. C’est pas mal.

      – Qu’est-ce qu’il te dit ?

      Swann sourit.

      – Il m’a dit : « Quoi que tu fasses, n’achète pas un flingue. » Je lui ai répondu que j’habitais au vingt-huitième étage, avec une terrasse ouverte. Je n’ai pas besoin d’un flingue. Je peux mourir quand je veux.

      Luke préféra changer de sujet. Parler des manières qu’aurait Swann de se suicider… ça n’avait rien de réjouissant.

      – Tu vois Ed souvent ?

      Swann haussa les épaules.

      – Plus depuis quelque temps. Son travail l’accapare. Il est chef de l’Hostage Rescue Team3. Il est beaucoup à l’étranger. On avait l’habitude de se voir plus souvent. Mais il est resté à peu près le même.

      – Est-ce que ça te dirait de bosser un peu ? demanda Luke.

      – Je ne sais pas. Je pense que ça dépendra de ce que c’est. Des exigences, de ce que j’aurais à faire. Je ne veux pas non plus compromettre mon invalidité. Tu payes au noir ?

      – Je travaille pour la présidente, répondit Luke. Susan Hopkins.

      – C’est mignon. Et pourquoi elle a besoin de toi ?

      – Elle pense que l’élection a été truquée.

      Swann hocha la tête.

      – J’ai entendu ça. Les infos défilent à la vitesse de la lumière de nos jours, mais cette histoire-là tient la route. Elle ne veut pas se retirer. Alors quelle est ta place là-dedans ? Et plus important, quelle serait la mienne ?

      – Eh bien, elle va sans doute vouloir qu’on collecte des renseignements pour son compte. J’imagine qu’elle veut démolir ces mecs, d’une façon ou d’une autre. Je n’ai pas plus de détails pour le moment.

      – Est-ce que je peux bosser pour elle ? s’enquit Swann.

      – Je le suppose. Pourquoi pas ? (Luke marqua une pause.) Mais en vérité, cette discussion m’inquiète un peu. Tu n’es plus le même qu’avant, tu sais. J’aimerais être sûr que tu as toujours tes anciens talents.

      Swann ne le prit pas mal.

      – Teste-moi de la manière que tu veux, Luke. Je suis là jour et nuit. Qu’est-ce que tu crois que je fais de mon temps ? Du hacking. J’ai tous mes anciens talents, et quelques nouveaux. Je pourrais même être meilleur qu’avant. Tant que je n’ai pas à sortir…

      Swann se tut un moment. Il baissa les yeux sur la bière dans sa main, puis les releva vers Luke. Son regard était grave.

      – Et je hais les nazis, ajouta-t-il.

      CHAPITRE DIX

      12 novembre

      08:53, heure avancée de l’Est

      Aile ouest

      Maison-Blanche, Washington DC

      – La violence a régné toute la nuit, déclara Kat Lopez. Kurt a tous les détails, mais le pire s’est déroulé à Boston, San Francisco et Seattle.

      – Pourquoi ne m’a-t-on rien dit ? s’étonna Susan.

      Toutes deux marchaient dans les couloirs de l’aile ouest, en direction du Bureau ovale. Leurs talons claquaient sur le sol de marbre. Susan se sentait mieux qu’elle ne l’avait été depuis longtemps – bien reposée après une longue nuit de sommeil. Elle avait pris son petit-déjeuner dans la cuisine familiale sans avoir consulté une seule fois les infos. Elle commençait à croire que les événements prenaient une tournure positive. Jusqu’à cette dernière minute.

      Kat haussa les épaules.

      – J’ai préféré te laisser dormir. Tu ne pouvais rien faire à ce sujet en pleine nuit, et je me suis dit qu’aujourd’hui allait encore être une sacrée journée. Kurt était d’accord avec moi.

      – Okay, admit Susan, supposant que Kat le pensait vraiment.

      Un agent du Secret Service leur ouvrit les portes et elles entrèrent dans le Bureau ovale. Kurt Kimball était là, manches retroussées, prêt à foncer. Luke Stone était assis dans un fauteuil, quasi dans la même position qu’il avait la veille au soir.

      Stone portait un T-shirt noir uni sous un blouson en cuir, un jean et des bottes en cuir luxueuses. Il avait l’air plus frais, moins distant, plus dans le présent que la veille. Son regard était vif. Stone est un cowboy de l’espace, décida Susan. Parfois, il était juste absent, quelque part dans l’éther. Là où il allait quand il disparaissait. Mais aujourd’hui, il était de retour.

      – Salut, Kurt, dit Susan.

      Kurt se tourna vers elle.

      – Bonjour, Susan.

      – Jolies bottes, agent Stone.

      Stone releva de quelques centimètres une jambe de son jean pour mieux lui montrer sa botte.

      – Ferragamo, dit-il. Ma femme me les avait offertes un jour. Elles ont une valeur sentimentale.

      – Désolée pour votre épouse.

      – Merci, acquiesça Stone.

      Un silence embarrassé s’ensuivit. Si elle l’avait pu, Susan – du moins son côté émotif, on pourrait même dire son côté féminin – aurait passé les vingt minutes suivantes à questionner Stone à propos de sa femme, de sa relation avec elle, comment il avait surmonté son décès, et de quelle façon il prenait soin de lui-même. Mais Susan n’avait pas le temps pour cela en ce moment. Son côté pratique au cœur dur – dirait-elle son côté masculin ? – la poussait à suivre l’ordre du jour.

      – Bon, Kurt, qu’est-ce que tu as pour moi ?

      Kurt indiqua l’écran de la télé.

      – La situation a rapidement évolué, ce qui n’est pas surprenant. La nuit dernière, on a eu une fusillade