que de dire : ‘Je ne boirai plus jamais’. Cette dernière attitude pourrait attirer des ennuis à certains parce qu’elle dénoterait l’intention de réaliser par soi-même ce que nous, alcooliques, n’avons jamais pu réussir. Elle laisse trop de place à la volonté et pas assez à l’idée que Dieu nous délivrera de notre obsession de boire, pourvu que nous suivions le programme des AA. »
LETTRE, 1949
17
Vers l’honnêteté
La tendance malsaine à masquer nos mauvaises intentions sous une apparence favorable s’infiltre dans toutes les affaires humaines, des plus petites aux plus grandes. Cette inclination subtile et trompeuse à nous justifier nous-mêmes peut se refléter jusque dans nos moindres façons de penser et d’agir. Apprendre jour après jour à identifier, avouer et corriger nos faiblesses, telle est l’essence de la formation du caractère et d’une vie droite.
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Presque toujours, nous trompons les autres parce que nous nous trompons d’abord nous-mêmes.
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D’une certaine manière, il semble moins embarrassant de nous trouver seuls avec Dieu que de faire face à une autre personne. Tant que nous ne prenons pas la peine de nous arrêter pour parler ouvertement de ce que nous avons caché si longtemps, notre bonne disposition à mettre de l’ordre dans nos affaires reste encore grandement théorique. Si nous sommes honnêtes en face d’une autre personne, c’est la confirmation que nous avons été honnêtes avec nous-mêmes et avec Dieu.
1. LES 12 ÉTAPES ET LES 12 TRADITIONS, P. 108
2. GRAPEVINE, Août 1961
3. LES 12 ÉTAPES ET LES 12 TRADITIONS, P. 70
18
Un compagnon et un associé
« Dr Bob a constamment été mon compagnon et mon associé dans la grande aventure des AA. Comme il était médecin et humaniste, il a choisi, comme principale vocation chez les AA, de travailler auprès des autres, et il a battu un record que personne ne surpassera jamais, en quantité et en qualité. Assisté de l’incomparable Soeur Ignatia à l’hôpital St. Thomas d’Akron, il a traité gratuitement cinq mille patients et leur a transmis le message spirituel.
« Malgré les tensions et les inquiétudes de ces premières années des AA, il n’y eut jamais de dispute entre nous. Je peux dire avec reconnaissance que tout le mérite en revient au Dr Bob. »
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J’ai quitté Dr Bob, sachant qu’il devait subir une grave opération. Il avait ce bon vieux et large sourire en disant presque à la blague : « Souviens-toi, Bill, ne gâchons pas cette chose. Gardons-la simple ! » Je me suis retourné, incapable de dire un mot. C’était la dernière fois que je le voyais.
1. LETTRE, 1966
2. LE MOUVEMENT DES AA DEVIENT ADULTE, P. 222
19
Le vin du succès
Il n’y a pas que les problèmes désagréables ou inattendus qui exigent de la maîtrise de soi. Nous devons être tout aussi prudents avec nos premiers succès matériels ou sociaux. Plus que quiconque, nous avons été assoiffés de triomphes personnels : nous nous abreuvions du succès comme d’un vin qui ne manquait jamais de nous enivrer. Aveuglés par une telle confiance orgueilleuse en nous-mêmes, nous étions portés à jouer les grands personnages.
Nous voici maintenant chez les AA, abstinents et en voie de regagner l’estime de nos amis ou de nos compagnons de travail : encore là, nous voyons qu’il nous faut exercer une vigilance particulière. Pour nous préserver de ces élans de supériorité, nous pouvons nous modérer en nous rappelant que si nous sommes abstinents aujourd’hui, c’est uniquement par la grâce de Dieu ; les succès que nous avons pu récolter sont bien plus les Siens que les nôtres.
LES 12 ÉTAPES ET LES 12 TRADITIONS, P. 104-105
20
Une prière qui éclaire
« Mon Dieu, donnez-moi la Sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le Courage de changer les choses que je peux et la Sagesse d’en connaître la différence. »
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Nous tenons beaucoup à notre prière de la Sérénité parce qu’elle nous apporte une lumière nouvelle capable de chasser notre vieille et presque fatale habitude de nous leurrer.
Dans le rayonnement de cette prière, nous constatons qu’une défaite, bien acceptée, n’est pas nécessairement un désastre. Nous savons maintenant qu’il n’est pas nécessaire de fuir ni de tenter de vaincre l’adversité par un autre coup de force, ce qui ne servirait qu’à dresser les obstacles devant nous plus vite qu’ils ne peuvent être abattus.
GRAPEVINE, Mars 1962
21
Redevenir des citoyens
“ « À tour de rôle, chacun de nous – c’est-à-dire le membre qui retire le plus du programme – consacre au début énormément de temps aux activités de Douzième Étape. Ce fut mon cas, et peut-être ne serais-je pas resté abstinent si j’avais moins travaillé.
« Tôt ou tard cependant, d’autres obligations surviennent – envers la famille, les amis, le pays. Comme tu t’en souviens, la Douzième Étape conseille également « de mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de notre vie ». Je pense donc qu’il appartient à chacun de décider, selon sa conscience, de participer à telle ou telle activité de Douzième Étape. Personne ne peut vraiment te dire quoi faire et quand le faire.
« Je sais seulement qu’à un moment donné, on attend de toi plus que la transmission du message des AA à d’autres alcooliques. Chez les AA, nous ne recherchons pas que l’abstinence. Nous essayons de redevenir des citoyens de ce monde que nous avons rejeté et qui nous a rejetés. Voilà l’objectif ultime, et la pratique de la Douzième Étape constitue le premier pas vers cet objectif, mais non le dernier. »
LETTRE, 1959
22
La peur, un tremplin
Nos défauts ont été principalement alimentés par la peur égoïste – en particulier la peur qui nous faisait craindre de perdre un bien déjà acquis ou celle de ne pas obtenir ce que nous demandions. À toujours exiger sans jamais obtenir satisfaction, nous étions constamment perturbés et frustrés. Nous ne pouvions donc connaître la paix à moins de trouver le moyen de réduire nos exigences.
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Bien qu’habituellement destructive, nous avons constaté que la peur peut devenir le point de départ de choses meilleures. Elle peut servir de tremplin à la prudence et au respect des autres. Elle peut indiquer aussi bien la voie de la justice, que celle de la haine. Plus nous aurons le sens du respect et de la justice, plus nous commencerons à trouver cette forme d’amour très tolérant, et à le rendre librement. Ainsi, la peur n’est pas nécessairement destructive puisque les leçons tirées de ses conséquences peuvent mener à des valeurs positives.
1. LES 12 ÉTAPES ET LES 12 TRADITIONS, P. 88
2. GRAPEVINE, JANVIER 1952
23
Tous des adorateurs
Nous avons également découvert que nous avions été des adorateurs. Combien cet état mental nous donnait la chair de poule! N’avions-nous pas de diverses façons adoré des personnes, des objets, l’argent ou nous-mêmes?