Alfred Vogel

Le petit docteur


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naturels

      La prédisposition aux infections que l’on rencontre chez les malades du foie, les sujets menacés de tuberculose, les cancéreux ou autres, rend indispensable l’apport d’antibiotiques naturels qui permet de protéger un corps affaibli.

      Ces antibiotiques naturels sont vitaux en présence de tels troubles.

      Il y a déjà plusieurs décennies que j’ai fait des expériences intéressantes avec le raifort, le cresson alénois, le cresson de fontaine27 et la capucine28. L’ingestion régulière de ces plantes augmentait nettement la résistance aux catarrhes et aux maladies infectieuses. On se moquait de vous, en ce temps-là, quand vous prétendiez que la consommation de capucine était bénéfique. On ignorait à l’époque les principes actifs de ces plantes. C’est souvent le cas en médecine naturelle : on a l’occasion d’observer les bons effets d’une méthode et on l’applique aux malades sans connaître scientifiquement le pourquoi de son action salutaire. C’est ainsi que j’ai eu la très grande satisfaction de trouver dans la littérature spécialisée d’aujourd’hui la confirmation de mes observations antérieures. Cette confirmation a largement compensé les railleries dont je fus l’objet jadis, alors que je parlais de salade aux capucines. Ce sont avant tout les travaux du professeur Winter, de Cologne29, qui ont mis en évidence les vertus de cette plante.

      J’avais observé que la capucine détruisait entre autres les parasites des végétaux. Je fis ainsi la chasse aux pucerons et autres en vaporisant sur les plantes un extrait frais de capucine ; les résultats obtenus furent très concluants. Ces observations me prouvaient que la capucine contient un principe actif puissant, ce qui est confirmé aujourd’hui par les chercheurs. Par la suite, une autre idée s’est imposée à moi : la capucine et le cresson de fontaine doivent contenir d’autres substances éventuellement encore plus puissantes que les antibiotiques. L’action sur les parasites est peut-être due à ces substances actives que la science ignore encore. Le cresson de fontaine présente des actions semblables à celles de la capucine, comme j’en ai eu la confirmation après des années d’expériences faites sur le cresson de fontaine qui croît dans les ruisseaux alpestres de l’Engadine. En le mangeant cru, on se trouve littéralement immunisé contre les catarrhes et les maladies infectieuses en général.

      J’ai fait la découverte d’une plante plus sensationnelle encore et absolument inconnue, l’usnée, de la famille des mousses et des lichens. J’en mangeais régulièrement lors de mes randonnées à ski et j’observais que cerfs, chevreuils et chamois s’en régalaient aussi : lorsqu’il y avait beaucoup de neige, toute l’usnée à la portée du museau de ces animaux était mangée. Un examen approfondi a révélé que cette plante, à l’instar des autres mousses, contient une forte proportion d’hydrates de carbone, donc de l’amidon d’où elle tire une valeur nutritive non négligeable. Le gibier semble donc bien profiter de cet avantage et à coup sûr, l’effet de ces antibiotiques augmente sa force et sa résistance. L’usnée guérit rapidement les catarrhes, je l’ai observé à maintes reprises. Dès que des maux de gorge se manifestent, signe de catarrhe, il faut profiter d’une course à ski pour mâcher sans arrêt de cette plante bénéfique. L’effet en est si prompt que, rentré à la maison, tous les symptômes ont disparu. Ces indications précieuses m’incitèrent à examiner de plus près cette simple mousse de mélèze. J’en utilise depuis l’extrait pour la préparation de bonbons. L’expérience a prouvé que l’usage régulier de ce remède diminue les risques de rhume et de catarrhe. A quoi bon s’habituer à des préparations dont l’action violente présente plus de désagréments que d’avantages ? Puisque la nature nous offre des plantes comestibles poussant en plaine ou dans la montagne, dont les principes actifs sont dosés si harmonieusement pour les besoins du corps qu’ils ne présentent jamais d’inconvénient, à nous d’en tirer parti !

      Pourquoi nous exposer à d’éventuels dangers ? Ces antibiotiques naturels n’attaquent pas la flore intestinale et il n’y a aucune accoutumance de la part du corps, même après consommation régulière, donc aucun phénomène de résistance. Ainsi, les bien portants et les malades, surtout les cancéreux, s’habitueront à manger régulièrement du cresson alénois27, du cresson de fontaine et de la capucine28 en salade ou en sandwichs. Les sels marins aux légumes et aux fines herbes d’A.Vogel en contient également. On l’utilise pour assaisonner les tartines, les salades, les soupes et les plats de légumes, mais on ne le fait pas cuire pour ne pas détruire ses principes actifs. La salade de carottes sera toujours corsée et enrichie d’une petite dose de raifort râpé. En consommant régulièrement de ces antibiotiques naturels, nous résisterons mieux aux infections. D’autre part, une infection déjà établie sera rapidement guérie par ces substances curatives. Si vous allez faire provision de santé à la montagne, où l’on trouve de l’usnée à partir de 1000 mètres, ne manquez pas de mâcher sans arrêt cette plante curative lors de vos randonnées.

      Le Petasites officinalis, en français la pétasite, est une autre plante à principe antibiotique20. Elle est particulièrement recommandée aux cancéreux. On ne peut pas l’utiliser comme aromate à cause de son action trop forte. Assez rare, cette plante croît dans les hautes vallées, le long des ruisseaux. On ne profitera de ses vertus que sous forme de préparation.

       Les bienfaits des crudités

      Cette constatation amènera peut-être tel ou tel à réviser son jugement quant à la valeur des aliments crus. Puisque les principes antibiotiques tout comme les vitamines sont détruits par la cuisson, d’autres substances précieuses connues ou inconnues dont le corps a besoin peuvent aussi s’altérer sous l’effet de la chaleur. Donc, pour couvrir les besoins de l’organisme en principes actifs, l’homme devrait toujours manger une certaine quantité de crudités. Il s’agit-là d’antibiotiques qui sont des substances de protection qui nous préservent des maladies infectieuses. Celui qui possède un jardin fera bien d’y cultiver toutes les sortes de cresson, donc le cresson de fontaine27 et la capucine28 ainsi que du raifort pour profiter chaque jour de ces herbes aromatiques en petites quantités. On en fait des salades ; on les hache pour les ajouter au potage juste avant de le servir ; on les mélange avec du fromage blanc pour préparer d’excellents canapés. Le raifort s’ajoute aux salades, aux carottes râpées en particulier. Leur saveur sera ainsi plus corsée pour ceux qui la trouve trop sucrée, tout en procurant de précieuses substances antibiotiques.

      Pour soutenir la cause de ceux qui prônent la phytothérapie, l’alimentation naturelle et surtout la consommation de crudités, rappelons le dicton universel : « Pourquoi chercher au loin les bienfaits que nous avons sous la main ? »

       Les diverses causes

      Au cours de mes voyages, j’ai rencontré un grand nombre de tuberculeux30 même dans des pays où les conditions de vie sont bonnes. C’est ainsi que je fus étonné d’apprendre que la Grèce, au climat ensoleillé, doit lutter contre la tuberculose. En Hollande, particulièrement chez les insulaires, il y a beaucoup de malades des poumons. Les médecins n’ont certes pas tort de dire qu’un climat humide, à basse altitude, contribue au développement de cette affection, mais cela ne veut pas dire qu’on attrape forcément une maladie des poumons dans un tel climat ! D’autres facteurs entrent en jeu, une nourriture trop uniforme, par exemple. Quiconque est averti à temps des causes éventuelles d’une maladie pourra en tenir compte et prendre les mesures préventives nécessaires, ce qui vaut toujours mieux qu’un traitement ultérieur. Ceux qui ne sont pas malades profiteront néanmoins des conseils suivants tandis que d’autres, moins favorisés, y trouveront des indications susceptibles d’améliorer leur état de santé.

      La nourriture joue un rôle d’une importance primordiale, comme on en fait l’expérience dans le monde entier. Il y a chez nous des contrées, même en montagne, où des êtres tombent malades là où d’autres viennent chercher la guérison à une altitude propice. C’est ainsi qu’un gérant de refuge