Andres Mann

Tess


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Susan, je pense que nous en avons fini. Bonne soirée. »

      En chemin, Jake sentait que Tess était perturbée.

      « Ne laisse pas cette journaliste t'atteindre, Tess. Sans critique, pas de succès.»

      Tess sourit.

      « C'est de quel philosophe ça ?

      — Je l'ai lu dans un fortune cookie chinois. Non en fait, c'est de MalcolmX.»

      Le matin suivant, Susan publia son article:

      « Les Valkyries, des guerrières au cœur tendre. »

      À New York, Jake, Tess et Aara entrèrent dans une salle de conférence décorée avec goût dans les bureaux d'un prestigieux cabinet d'avocats. L'avocat les invita à prendre place dans de confortables chaises en cuir autour d'une longue table. Fadime al-Saadi fit une entrée remarquée, vêtue de haute couture, arborant son habituelle allure splendide agrémentée d'un décolleté impressionnant. Elle jeta son foulard Hermès sur l'une des chaises, se glissa sur celle à coté de l'avocat et sourit.

      « Comme tu as grandi, Aara. Tu es devenue une très jolie jeune fille. »

      Fadime et Aara avaient en commun la même chevelure noire de jais, de grands yeux mystérieux, des lèvres généreuses et un teint crémeux. Leur ressemblance sautait aux yeux.

      Tess lança vers son adversaire un regard meurtrier. Fadime mit un point d'honneur à l'ignorer, se fendit d'un large sourire et fit un signe de la tête à Paul Mitchell, l'avocat, qui entama la réunion.

      « Bienvenue à tous. Cette réunion a pour but d'informer Mademoiselle Aara Vickers, née al-Saadi, que son défunt père, le général Amir Alkan al-Saadi, a pris des dispositions pour qu'Aara reçoive un héritage substantiel à ses dix-huit ans. L'héritage comprend un montant important d'argent de titres, ainsi que trois propriétés à Istanbul, à Villefranche en France et à Guildford au Royaume-Uni. Le général Amir a également pris des dispositions financières pour entretenir ces résidences, à condition qu'elles soient également à la disposition de Madame Fadime. »

      Tess jeta un coup d'œil à Fadime, qui avait l'air moins qu'intéressée et qui semblait préférer l'inspection de ses mains manucurées au ton monocorde de l'avocat.

      « Super, dit Tess. Occupons-nous de faire transférer l'argent sur le compte d'Aara et c'en sera fini.

      — Je crains que la situation ne soit un peu plus compliquée que cela, dit l'avocat. Le testament comporte des conditions. »

      Tess sentit la moutarde lui monter au nez.

      « Cette affaire ayant à voir avec Amir, je me doute qu'il doit y avoir un piège là-dessous. Je vous en prie, poursuivez. »

      Sous la table, Jake saisit la main de Tess dans une tentative de lui faire garder son sang-froid.

      L'avocat reprit.

      « Les conditions sont assez simples. L'héritage exige d'Aara qu'elle se marie à une famille musulmane influente. Le général souhaitait renforcer les liens avec une dynastie qui fut historiquement alliée à la sienne.

      — Il est évident que ce testament a été rédigé quand Aara était sous la garde de Fadime, intervint Tess. Fadime a volontairement renoncé à la garde de cette enfant et nous a demandé de l'adopter, ce que nous avons fait. Depuis, Aara vit en Amérique et elle étudie aujourd'hui à la Julliard School of Music. Elle est citoyenne américaine et sous aucune circonstance ne se laissera-t-elle imposer les pratiques culturelles musulmanes, et encore moins épousera-t-elle quelqu'un qu'elle n'a jamais rencontré. »

      Tess regarda Aara qui semblait contrariée. Elle lui prit la main pour la réconforter.

      L'avocat poursuivit.

      « Je crains que tout cela ne change rien à la condition première de l'héritage, qui est simple. Si Mademoiselle Aara veut bénéficier de l'héritage, elle doit épouser un Iranien du nom de Karin Nazari. Si, pour une raison quelconque, il ne convient pas, des suppléants seront proposés par Madame Fadime.

      — Et qui diable est Karin Nazari ? » Tess avait pratiquement grimpé sur la table.

      — Il est le fils de Daryush Nazari, l'un des hommes les plus riches d'Iran.

      — Il n'y a aucune chance qu'Aara porte le hijab et se soumette à un homme qui lui dira quoi faire. Elle vit maintenant au XXIe siècle et non au Moyen Âge. »

      Fadime observa une pause dans l'inspection de sa manucure.

      « Tess, vous exagérez. Je suis musulmane et je suis un style de vie occidental tout à fait agréable.

      — Mais pour préserver votre indépendance, vous ne vous êtes jamais mariée. Vous, mieux que quiconque ici, savez ce que cela veut dire. Je me fiche de combien d'argent il s'agit. Aara n'en a pas besoin et elle ne retournera certainement pas à une culture qui lui est désormais étrangère.»

      L'avocat se pencha et ouvrit un porte-document en cuir.

      « Vous n'avez sans doute pas idée de l'importance de l'héritage. Il s'élève à 500 millions de dollars, environ. »

      Tess et Jake furent pris de court.

      « Bien, il s'agit donc d'un demi-milliard de dollars, fit remarquer Jake. Que se passe-t-il si Aara refuse l'héritage ? Qui en hérite ?

      — Le testament n'en fait pas mention, intervint l'avocat. Je suppose que le général al-Saadi n'avait pas envisagé la possibilité d'un refus. Je vous recommande vivement de considérer ce que cela signifie. »

      Tess prit la main d'Aara. « Ma chérie, on dirait bien une décision que toi seule puisse prendre. Il s'agit de beaucoup d'argent, mais je dois te prévenir que les conditions stipulées dans le testament auront un impact important sur tes projets et sur la façon dont tu vas vivre ta vie. Tu es trop jeune pour te marier, encore moins avec un Iranien, et tu dois penser à tes études. »

      Aara était visiblement en détresse et se tordait les mains.

      « Je ne sais pas quoi faire, maman. Je suis très bien là où je suis. Je me sens pas prête à faire face à ça. »

      Jake se leva de la chaise et passa son bras autour des épaules d'Aara.

      « Monsieur Mitchell, vous ne pouvez décemment pas vous attendre à ce qu'une enfant décide d'une telle affaire aujourd'hui. Nous reprendrons contact.

      — Très bien, Monsieur Vickers, mais je dois vous informer que le testament exige des signatures dans les soixante jours suivant l'anniversaire de Mademoiselle Aara. Et le mariage doit avoir lieu au plus tard dans les douze mois qui suivent. Le cas échéant, elle perd son héritage. »

      Tess saisit son sac à main, attrapa Aara par la main et se dirigea vers la porte.

      « Encore une chose, dit l'avocat. Il se trouve que la famille Nazari est dans le New Jersey en ce moment. Peut-être pourriez-vous envisager une rencontre préliminaire ? Sans aucune obligation, bien entendu.

      — Nous devons y réfléchir, dit Tess en poussant gentiment Aara vers la porte. Passez une bonne journée. »

      Jake salua l'avocat de la tête et suivit sa famille.

      Après un agréable dîner dans un restaurant français, Laurent glissa sa carte sur la serrure électronique de l'appartement de Fadime à New York. Fadime le précéda dans la suite luxueuse et prit le chemin de la chambre en laissant tomber ses vêtements par terre. Elle repoussa les couvertures, s'allongea sur le lit, ouvrit le tiroir de la table de nuit d'où elle extirpa un grand vibromasseur couronné de’ ce qui ressemblait à un bouton de porte. Elle ê alluma l'appareil et commença à stimuler son sexe. Bientôt, elle gémit de plaisir.

      «