belle et pleine d'esprit et de courage, seigneur, j'ose le dire, je préfère encore la mienne, elle va mieux à mon cou et à mes épaules.
—Sac à papier! dit Pierrot, comment faire?
—Partons-nous? dit la belle Bandoline sortant de la tente, où elle avait passé à se parfumer, habiller, peigner et pommader tout le temps que Pierrot se battait et haranguait les Chinois.
—Par saint Jacques de Compostelle! pensa Pierrot, il faut avouer que je suis bien fou: j'ai failli déjà deux fois aujourd'hui me faire casser la tête pour cette merveilleuse princesse, sans qu'elle ait seulement daigné me remercier.
Cette réflexion, aussi triste que sensée, ne l'empêcha pas de se précipiter au-devant de la princesse et d'être prêt à lui faire le sacrifice de sa vie. C'est le propre de l'amour de se suffire à lui-même et de se dévouer sans récompense.
Il faut tout dire: au fond de l'amour de Pierrot il y avait un peu d'espoir et beaucoup de vanité. Je ferai, pensait-il, de si belles actions et j'acquerrai tant de gloire, qu'elle finira par m'aimer. A mon âge, encore inconnu, paysan il y a un mois, être aujourd'hui le seul appui d'une si grande et si belle princesse, cela n'est arrivé qu'à moi, Pierrot. La fortune me devait cette gloire.
—Princesse, dit-il à Bandoline, nous partons seuls.
L'armée a peur de Pantafilando et refuse de nous suivre.
—Et vous l'avez souffert? dit-elle.
Il y avait dans ce mot et dans le regard qu'elle lança sur Pierrot tant d'estime de son courage et tant de reproche en même temps, qu'il faillit tourner bride et massacrer les cinq cent mille Chinois pour les forcer de marcher à l'ennemi; mais la réflexion le rendit plus sage, et il se contenta de répondre:
—Princesse adorable, pleine lune des pleines lunes, pour vous je traverserais les mers à la nage, je défierais le monde; mais je ne puis faire marcher des gens qui veulent s'asseoir. Le roi Salomon dit, «qu'il est impossible de faire boire un âne qui n'a pas soif.»
—Pierrot, dit la belle Bandoline, vous m'offrez toujours ce que je ne vous demande pas. Que m'importe que vous traversiez les mers à la nage? Il n'y a pas de mer d'ici à la capitale de mon père, et s'il y en avait, je trouverais bien plus commode de m'embarquer sur un beau vaisseau monté par des matelots habiles. Ce que je veux, c'est que vous conduisiez cette armée au secours de mon père Vantripan.
—Eh bien! dit Pierrot découragé, parlez-leur vous-même.
La belle Bandoline leur fit un discours magnifique où elle rappela les exploits de leurs aïeux; elle leur parla du danger de la patrie, de leurs femmes, de leurs enfants, et leur vanta la gloire de rétablir sur son trône le monarque légitime.
Mais les Chinois firent la sourde oreille.
—Partons seuls, dit Bandoline indignée; et, grâce à des chevaux plus rapides que le vent, ils arrivèrent, elle et Pierrot, dix jours après dans la capitale de la Chine, où d'abord ils descendirent de nuit dans une hôtellerie pour prendre langue.
Pantafilando n'avait pas perdu de temps après le départ de Pierrot. Entre autres sages décrets, il avait ordonné que tous les Chinois se lèveraient à six heures du matin et se coucheraient à huit heures du soir, et qu'on raccourcirait de toute la tête tous ceux dont la taille dépassait cinq pieds cinq pouces. Tout le monde avait applaudi à ces deux décrets, excepté, bien entendu, les Chinois de cinq pieds six pouces, qui se tenaient cachés dans leurs caves de peur du bourreau.
Pierrot apprit en même temps que sa tête était mise à prix; mais cette nouvelle ne l'inquiéta pas beaucoup. Il comptait bien la défendre vigoureusement. Le soir même il alla, dans l'obscurité, placarder sur le mur du palais l'affiche suivante:
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