Anonyme

Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition


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avons réparé nos torts directement envers ces personnes dans la mesure du possible, sauf lorsqu’en ce faisant, nous risquions de leur nuire ou de nuire à d’autres.

      10 Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et promptement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus.

      11 Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous Le concevions, Lui demandant seulement de connaître Sa volonté à notre égard et de nous donner la force de l’exécuter.

      12 Ayant connu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons alors essayé de transmettre ce message à d’autres alcooliques et de mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de notre vie.

      Plusieurs d’entre nous se sont exclamés : « C’est trop difficile ! Je ne pourrai pas y arriver. » Ne vous découragez pas. Personne d’entre nous n’a réussi à mettre en pratique ces principes à la perfection. Nous ne sommes pas des saints. Ce qui compte, c’est que nous sommes disposés à progresser selon des principes spirituels. Les principes que nous avons énoncés sont des guides vers la croissance. Nous parlons de croissance spirituelle plutôt que de perfection spirituelle.

      Notre description de l’alcoolique, le chapitre consacré aux agnostiques et nos aventures personnelles avant et après notre rétablissement font ressortir trois choses importantes :

      a) Nous étions alcooliques et incapables de prendre notre vie en main.

      b) Probablement qu’aucune puissance humaine n’aurait pu nous délivrer de notre alcoolisme.

      c) Dieu pourrait le faire et le ferait si nous Le recherchions.

      Dès lors convaincus, nous sommes arrivés à la Troisième Étape, celle de la décision de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous Le concevions. Qu’entendons-nous par là et que faut-il faire ?

      La première condition est d’avoir la conviction qu’une vie menée selon notre volonté personnelle peut difficilement être réussie. En agissant ainsi, nous entrons presque toujours en conflit avec quelque chose ou quelqu’un, même si nos intentions sont bonnes. La plupart des gens essaient de vivre en ne comptant que sur eux-mêmes. Chacun se comporte comme un acteur qui veut diriger tout le spectacle ; il essaie sans cesse de régler à sa façon l’éclairage, la chorégraphie, le décor, et de diriger les autres acteurs. Si seulement tout restait tel qu’il l’a voulu, si seulement les autres faisaient ce qu’il souhaite, le spectacle serait un succès. Tout le monde, y compris lui-même, serait content. La vie serait magnifique. Dans ses efforts pour tout mettre en place, notre acteur peut parfois se montrer très vertueux. D’une part, il peut être bon, attentionné, patient, généreux, même humble et plein d’abnégation. D’autre part, il peut être mesquin, égoïste, infatué et malhonnête. Comme la plupart des êtres humains, il est probable qu’il a divers traits de caractère.

      Que se passe-t-il habituellement ? Le spectacle ne se déroule pas très bien. L’acteur commence à croire que la vie est injuste envers lui. Il décide de se forcer davantage. La fois suivante, il devient plus exigeant ou plus bienveillant, selon le cas. Mais la pièce ne le satisfait toujours pas. Tout en reconnaissant sa part de responsabilité, il est convaincu que les autres ont encore plus de torts. Il se fâche, s’indigne et s’apitoie sur son sort. Quel est son problème fondamental ? Ne recherche-t-il pas sa propre satisfaction, même lorsqu’il essaie d’être bon avec les autres ? N’est-il pas victime de l’illusion que l’on peut tirer bonheur et satisfaction de ce monde à la seule condition de savoir s’y prendre ? N’est-il pas évident pour le reste des acteurs que c’est à cela qu’il travaille ? Son attitude n’entraîne-t-elle pas les autres à se venger en retirant du spectacle tout ce qu’ils peuvent ? Même dans ses meilleurs moments, ne crée-t-il pas plus de confusion que d’harmonie ?

      Notre metteur en scène ne pense qu’à lui ou, pour employer un terme à la mode, c’est un égocentrique. Il est comme l’homme d’affaires à la retraite qui se prélasserait sous le soleil de la Floride en se plaignant de l’état pitoyable de la nation, comme le pasteur du culte qui soupirerait sur les péchés du XXe siècle, comme l’homme politique et le réformateur, convaincus que la terre serait un paradis si seulement le reste du monde était meilleur ; comme le pilleur de coffres-forts qui trouverait que la société est injuste envers lui ; enfin, comme l’alcoolique qui a tout perdu et qui est enfermé. Quelles que soient nos protestations, ne sommes-nous pas, pour la plupart, tournés sur nous-mêmes, sur nos ressentiments ou notre apitoiement ?

      Égoïsme et égocentrisme, c’est là, croyons-nous, la source de nos problèmes. Animés par une centaine de sortes de peurs, déçus de nous-mêmes, ne recherchant que nos intérêts et nous apitoyant sur notre sort, nous marchons sur les pieds de nos semblables et ils réagissent. Ils nous blessent parfois, apparemment sans avoir été provoqués, mais invariablement, nous découvrons que dans le passé, nous avons pris une décision égoïste qui nous a exposés à être blessés plus tard.

      Nous sommes donc les principaux artisans de nos malheurs. Ils viennent de nous, et l’alcoolique fournit l’exemple parfait de la volonté personnelle déchaînée, même si, la plupart du temps, il ne s’en rend pas compte. Avant toute chose, nous, les alcooliques, devons nous corriger de notre égoïsme, sinon il nous tuera ! Et avec Dieu, c’est possible. Il semble souvent que seule Son aide puisse nous libérer totalement de nous-mêmes. Nous étions nombreux à nous nourrir de toutes les convictions morales et philosophiques imaginables, et nous aurions bien aimé pouvoir vivre selon nos principes, mais nous en avons été incapables. Nous n’avons pas non plus réussi à réduire de beaucoup notre égocentrisme par notre seul désir ou en comptant sur notre propre force. Il nous fallait l’aide de Dieu.

      Voilà le pourquoi et le comment de notre méthode. D’abord, nous avons dû cesser de jouer à Dieu car cela ne donnait rien. Nous avons ensuite décidé que dorénavant, Dieu serait le Metteur en scène de la pièce qu’est notre vie. Il est le Directeur et nous sommes ses agents. Il est le Père et nous sommes ses enfants. Ce concept, simple comme la plupart des bonnes idées, fut la clé de voûte de l’arche nouvelle et triomphante qui s’ouvrait sur notre liberté.

      Après avoir adopté cette position en toute sincérité, toutes sortes de choses remarquables se sont produites. Nous avions un nouvel Employeur. Étant tout-puissant, Il pourvoyait à nos besoins à condition que nous restions près de Lui et que nous fassions bien Son travail. Bien établis dans notre nouvelle attitude, nous avons cessé progressivement de nous intéresser à notre moi, à nos petits projets et desseins personnels. De plus en plus, nous cherchions à apporter notre contribution à la vie. Au fur et à mesure que nous sentions en nous une force nouvelle, que la paix s’installait dans notre esprit, que la réussite de notre vie devenait chose possible, à mesure que nous devenions conscients de Sa présence, nous avons commencé à perdre notre peur d’aujourd’hui, de demain et de l’avenir. Nous naissions à nouveau.

      Nous en étions alors à la Troisième Étape. Plusieurs d’entre nous ont adressé à notre Créateur, tel que nous Le concevions, la prière suivante : « Mon Dieu, je m’offre à vous pour que vous fassiez de moi et avec moi comme bon Vous semble. Délivrez-moi de l’esclavage de l’égoïsme pour que je puisse mieux faire Votre volonté. Éloignez de moi les difficultés de sorte que ma victoire sur elles soit, pour ceux et celles que j’aurai aidés, un témoignage de Votre force, de Votre amour et de Votre mode de vie. Que j’accomplisse toujours votre volonté ! » Nous avons mûrement réfléchi avant de franchir cette étape car nous voulions être bien prêts ; nous voulions être sûrs qu’enfin, nous pouvions nous abandonner à Lui complètement.

      Nous avons grandement souhaité faire cette étape spirituelle en compagnie d’une personne compréhensive comme notre femme, un ami intime ou notre guide spirituel. Toutefois, mieux vaut la solitude pour rencontrer Dieu que la présence de quelqu’un qui pourrait ne pas comprendre. Bien sûr, les mots utilisés dans cette circonstance importaient peu, mais l’idée devait être bien exprimée et cela, sans réserve. Ce n’était qu’un début ; si